La Rectrice de Lille, également rectrice de la « Région académique » Lille-Amiens, a convoqué un CSA exceptionnel mercredi 5 novembre pour faire le point sur la cyberattaque qui impacte les lycées.
Le Snes-FSU y a porté la réalité du terrain et vous propose d’agir pour interpeller les autorités académiques.
La réalité de la crise sur le terrain
Le Snes, avec la FSU, a voulu évoquer les remontées des collègues, soumis à une déstabilisation et à de multiples difficultés quotidiennes :
– Concernant les enseignant-es, nous avons rappelé il n’est pas normal que l’on compte sur le matériel personnel des agents pour assurer les enseignements, anormal qu’on oublie que des cours se préparent, et qu’ils sont différents suivant les supports utilisés. Anormal qu’on n’ait pas en tête les problèmes pour les cours qui nécessitent une salle informatique : les collègues ont pu traiter les thématiques qui ne nécessitent pas le recours absolu aux PC jusqu’à maintenant, mais on arrive au bout des facultés d’adaptation des un-es et des autres. L’inquiétude est grande notamment pour les CCF en BTS et en Bac pro où l’utilisation des PCs est requise pour le passage de l’examen.
Nous avons notamment signalé à la rectrice et aux corps d’inspection les nombreux retours de collègues qui pointent la déconnexion aberrante entre le contenu du « Kit de reprise pédagogique », et la réalité des conditions d’enseignements.
- concernant les équipes de vie scolaire (CPE, AED), nous avons évoqué la surcharge de travail induite par le retour à des procédures manuelles et papier, dont certaines devront être renouveler a posteriori sur les logiciels, sans moyens supplémentaires.
Mais ce sont également les personnels administratifs et d’intendance dont les outils informatiques continuent de fonctionner en mode très dégradés dans de nombreux lycées.
Point de situation : des infos peu nombreuses … et peu rassurantes !
Prudemment, la rectrice a rappelé que ce sont les serveurs de la collectivité régionale qui ont été attaqués, obligeant l’État (les académies) à déconnecter ses propres machines du réseau régional le 10 octobre.
Ainsi, le redémarrage des réseaux administratifs et pédagogiques repose essentiellement sur la capacité de la Région, qui dit avoir déployé une centaine de personnes sur les opérations de nettoyage/redémarrage.
Et c’est là que le bât blesse : le rectorat a été incapable de répondre à nos demandes répétées d’un calendrier de reprise.
En effet, si le réseau administratif semble "nettoyé" (mais les opérations comptables étaient toujours impossibles à la date du 5), le travail sur le réseau pédagogique (60 000, 80 000 PC ?) venait simplement de commencer par la réinitialisation de ... 260 000 comptes utilisateurs !
Pire : la région évoque désormais un "goulot d’étranglement technique", qui ne permettra pas de tenir le rythme, initialement prévu, de 8000 PC contrôlés par jour : le rétablissement total pourrait donc bien prendre des semaines, voire des mois !
Le Rectorat refuse de confirmer cela, mais il a d’ores-et-déjà décalé le calendrier des inscriptions aux examens au 21/11, et envisage même de le repousser encore. Sur la question des examens, le rectorat souhaite "ne pas desservir les élèves, garder l’équité sur le territoire national", "inventer des solutions" ...
Il s’agit donc bien d’une crise majeure, face à laquelle l’Institution, très démunie, remercie toutes les catégories de personnels en louant leur "résilience" et leur "inventivité" : quand une crise en rappelle une autre, et quand l’engagement des collègues reste le seul pilier pour assurer le fonctionnement du service public d’éducation.
D’ailleurs, des collègues ont réussi à rétablir localement le réseau d’établissement passant outre les consignes parce qu’on ne leur fournit pas d’alternative pour continuer à travailler avec les élèves.
En reconnaissance de cet engagement, nous avons demandé et obtenu que les chef d’établissement donne "toute latitude" aux équipes sur l’organisation du travail : la rectrice s’est engagée à le répéter dans ses échanges avec les représentant-es des personnels de direction.
L’éléphant dans la pièce : les choix coupables de la Région Haut-de-France
Reconnaissons-le : ce n’est pas l’Etat, et donc les autorités académiques, qui portent la responsabilité de la crise, mais bien la Région HDF. Le Snes a rappelé que c’est la Région qui a choisi et financé une architecture réseau centralisée d’une taille énorme, qui la rend particulièrement vulnérable à des cyberattaques : quand un serveur est touché, c’est tout le réseau qui doit être mis hors service, avec les conséquences -inédites- que nous subissons ... Nous avons dit qu’il était totalement inenvisageable de reconduire cette architecture, compte-tenu des conséquences sur les établissements, et qu’il fallait contraindre la Région à retourner à des solutions plus locales (réseau de type Kwartz). La DRASI (Direction Régionale Académique des Systèmes d’Information), a reconnu qu’un réseau plus segmenté devrait être mis en place.
Rappelons que le choix apparemment technique découlait d’un choix politique : permettre à la région de décider désormais de sa stratégie concernant la mise en place de l’information sur les formations et sur les métiers dans les collèges et les lycées, et mettre fin ainsi à l’unité de l’éducation nationale. Un des effets de la décentralisation combattue par le Snes-FSU.
Pour financer cette nouvelle architecture, à moyens constants, la collectivité envisagerait de réduire l’enveloppe dédiée aux rénovations lourdes ... ce qui serait scandaleux.
AGIR AVEC LE SNES-FSU
Le texte qui suit peut servir de trame d’intervention ou de courrier recensant les difficultés :
– pour une intervention en CA (motion, question diverse, déclaration liminaire) et/ou une interpellation des élu-es régionaux (adresse du type prenom.nom@hautsdefrance.fr)
– pour une lettre adressée à "Madame la Rectrice de l’Académie de Lille" au nom des élu-es des personnels (transmission par voie hiérarchique, copie au Snes-FSU s3lil@snes.edu), ou au nom de la section Snes-FSU (transmission directe par mail avec copier-coller au chef d’établissement et au Snes-FSU s3lil@snes.edu)
– pour une lettre d’interpellation directe du Président de Région (Xavier Bertrand, Hôtel de la Région Hauts de France, 151 avenue du Président Hoover 59000 Lille) pour l’interroger sur le fonctionnement des établissements (copie à s3lil@snes.edu)
Il est possible aussi, individuellement, de renseigner le fichier RSST pour faire remonter les dégradations dans les situations de travail qui génèrent anxiété, stress et surcroit de fatigue car nécessité tous les jours de s’adapter à ces circonstances dégradées. (voir conseils pour le remplir sur le site du S3 de Lille https://www.lille.snes.edu/Tutoriel-renseigner-le-registre-Sante-Securite-et-Conditions-de-travail.html)
Exemple de trame Motion au CA et/ou courrier des élus au rectorat : et/ou CR HDF ??
A MME LE RECTEUR
Les élus du personnel du lycée X. OU la section Snes-FSU du lycée X
La cyberattaque qui a touché la région HDF en Octobre 2025 a eu pour conséquence de dégrader très lourdement les conditions de travail des personnels de l’Éducation Nationale ainsi que les conditions d’études des élèves. En effet, l’impossibilité d’avoir accès au parc informatique a un très lourd impact sur la préparation et le déroulement des cours. En outre, les collègues de certaines disciplines : SN, NSI, SI, STI2D, Economie gestion notamment se retrouvent dans la quasi impossibilité d’enseigner.
D’autres très nombreux sont obligés tous les jours d’inventer de nouvelles séances de cours, de réadapter leurs contenus et leur pédagogie. Cela génère beaucoup de pression au quotidien et un vrai surcroit de travail. Cette situation pèse lourdement sur les collègues.
Tout comme pèse l’absence d’informations concernant l’évolution de la situation.
Et également l’incertitude relative à la préparation des examens (et des concours pour les élèves de CPGE -dans le cas où le lycée en possède).
La F.A.Q. mise en place par les services de la Région n’est pas connue des personnels, Les « soi disantes » préconisations proposées par le corps des IPR reposent souvent sur la condition d’utiliser son matériel informatique personnel ou de pratiquer la classe inversée. Cela ne peut constituer une solution acceptable. L’ensemble des collègues tient à pouvoir exercer à nouveau son métier ans des conditions normales le plus rapidement possible et souhaite être informé de l’évolution de la situation.
Les choix opérés par la Région concernant la gestion du parc informatique, l’organisation des réseaux et le manque de personnel chargé de la maintenance des réseaux informatiques à l’intérieur des établissements contribuent à faire perdurer la crise.
Nous souhaitons donc être informés rapidement et régulièrement de l’évolution de la situation et nous souhaitons également que des solutions plus adaptées au fonctionnement administratif et pédagogique des établissement soient trouvées.
Nous ne saurions accepter une dégradation dans la durée du fonctionnement des lycées publics et tenons à rappeler que les lycées privés, eux, ne sont pas touchés.
De plus la situation créée par la cyberattaque a des conséquences sur les budgets des établissements en particulier en occasionnant des frais supplémentaires de reprographie. Nous demandons à ce que cela soit prise en compte et fasse l’objet de dotation exceptionnelle afin de en pas épuiser rapidement les crédits pédagogiques des établissements.

