Le 20 octobre dernier à l’Assemblée Nationale, le premier ministre affirmait que son gouvernement avait particulièrement « choyé » l’Éducation nationale et qu’il allait continuer à le faire… mais 2021 sera la 5e rentrée où les suppressions de postes se poursuivent malgré des effectifs en hausse dans l’académie. Quel mépris pour nous, personnels, qui sommes sur le terrain au quotidien ! Les besoins éducatifs n’ont jamais été aussi importants mais Jean-Michel Blanquer continue de dégrader les conditions de travail des élèves et des personnels en maintenant sa politique de suppressions de moyens et de postes pour la prochaine rentrée. Le cynisme est total ! 78 % des collèges du Nord et 91 % des collèges du Pas-de-Calais ont un Indice de Positionnement Social (indicateur qui reflète le contexte social de l’établissement pour le ministère) en-dessous de la moyenne nationale. On serait donc en droit d’attendre des réponses à la hauteur de ces enjeux de société – si l’éducation et la volonté de réduire les inégalités étaient réellement des priorités nationales.

Coupes et record
Or, l’administration supprime l’équivalent de 87 postes en collège (54 dans le Nord, 33 dans le PdC), c’est un record depuis 2017. Ces suppressions seraient, dans la novlangue administrative, compensées en partie par des heures supplémentaires, qui n’ont pourtant jamais créé jusqu’à présent de génération spontanée d’enseignant.e.s, mais dégradent les conditions d’enseignement. Depuis 2017, l’accueil de plus de 1600 élèves en collège s’est traduit par la suppression de plus de 220 postes (120 dans le Nord, 100 dans le PdC) pendant que les heures supplémentaires augmentaient de près de 25%. Les personnels sauront vraiment apprécier d’être ainsi « choyé.e.s » !
Cette politique de suppressions de postes oblige les DSDEN à trouver de nouveaux modes de calcul pour gérer la pénurie. Une année, ce sont les seuils d’ouverture de classe qui sont relevés. L’année suivante, c’est l’IPS qui est utilisé pour déterminer ces seuils. Pour la rentrée 2021, ces deux leviers sont actionnés en même temps... Le ministre de l’Éducation nationale et l’administration ne sont jamais sans imagination pour trou- ver les combines ou les mots qui prétendent faire passer une dégradation pour un progrès, mais quel que soit le mode de calcul, le lissage ou le correctif utilisé pour déterminer les DHG, il ne sert qu’à masquer une pénurie de moyens. L’Éducation nationale a besoin de moyens pour pouvoir accomplir ses missions. Mais on a bien compris que ce n’est pas le programme de ce gouvernement !

Fiona Verhaeghe, Eric Duflos, Willy Leroux