16 juin 2025

Les articles des Bulletins Académiques

BA339 - L’édito, santé mentale

À l’heure où sont écrites ces lignes, la santé mentale est invoquée comme l’une des causes possibles qui ont poussé un élève de 3e à poignarder notre collègue AED en Haute-Marne.

Grande cause... médiatique
Dès le lendemain du drame, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a présenté un « plan d’action » santé mentale et psychiatrie, qui préconise des mesuresde détection en milieu scolaire, mais aussi « plus d’adultes formés en milieu scolaire », une « offre de soins plus lisible » et graduée, plus de soignants formés. Au-delà de l’espace scolaire, l’expression a déjà envahi l’espace médiatique et politique, au point que la santé mentale a été désignée Grande Cause nationale en 2025, succédant ainsi à l’activité physique et sportive mise en avant en 2024, année olympique.

Un slogan politique ?
La réactivité du gouvernement s’explique donc par le travail de communication engagé, depuis 2 ans au moins, sur la santé mentale. Interrogé sur les moyens financiers mis sur la table pour financer ce plan, le ministre de la santé s’est montré moins incisif : « on doit s’appuyer en priorité sur les moyens que l’on a »… ou pas !
Les Assises de la santé scolaire, ont été convoquées en mai pour mieux coordonner « la communauté éducative autour de la question de la santé et du bienêtre des élèves »… sans aucun moyen supplémentaire !

Médicalisation de la crise de l’École publique
Au moment où se prépare un budget 2025 qui pourrait être d’une violence inégalée contre les services publics, la tentation est grande d’instrumentaliser la "santé mentale" pour dédouaner l’Éducation nationale. Dans son dernier rapport, la Défenseure des droits souligne combien Parcoursup, et toute la procédure d’orientation qu’elle commande en amont, accroît l’anxiété. Pour les personnels, c’est une injonction à s’adapter à des conditions de travail toujours plus dégradées, à prendre en charge des missions qui relèvent d’une autre expertise (« secouriste en santé » mentale) alors que l’on manque d’infirmières, de PsyEN et que
les services sociaux sont à l’os.

Au SNES-FSU, nous refusons de renoncer à nos métiers. Si le gouvernement entend faire quelque chose pour la santé mentale des jeunes, il doit abandonner toutes les réformes anxiogènes et embaucher massivement des PsyEN, des infirmières et des médecins scolaires. Des personnels dont c’est le métier, en somme !

Jean-François Carémel