Le 6 mars, le Snes et la FSU ont quitté la réunion de présentation du « Pacte », entraînant dans leur sillage toutes les organisations engagées sur ces discussions. En effet, au-delà de la charge de travail supplémentaire qu’il implique, c’est une transformation profonde de nos métiers et du service public d’Éducation qui est promue par le Pacte.

En concurrence pour travailler encore plus ?
Le Pacte exclut pour l’heure les CPE, PsyEN et professeurs documentalistes, marginalise les agrégé.es et n’a été conçu que pour les enseignant.es en charge de classes… tout en évacuant le « cœur de métier », c’est-à-dire l’enseignement. Et pour cause, le pacte n’est pas une revalorisation, mais du travail en plus des 43h de travail hebdomadaires déclarées par les collègues. Il est envisagé que les chefs d’établissement composent des « packs » locaux combinant des « unités pactes », de façon à rendre obligatoires des « missions prioritaires » (24 h de remplacement de courte durée, du « face à face élève » comme le soutien en 6e, devoirs faits). Ces missions prioritaires seraient indispensables pour obtenir des « missions forfaitaires » (projets « innovants », tutorat d’élèves, coordination, découverte des métiers). À terme, les HSE et autres IMP disparaîtraient.

Un outil de mise au pas.
Dans le projet, c’est le chef d’établissement qui chiffre les « besoins », compose les combinaisons « d’unités pactes », les attribue aux collègues sélectionné.es via une lettre de mission, et effectue le "suivi" quotidien ! Le pacte va devenir un outil de mise en concurrence mais aussi de mise au pas des personnels : à terme, tout projet pédagogique devra respecter les priorités institutionnelles, et sera conditionné par avance à un engagement écrit à prendre en charge, au pied levé, les remplacements à l’interne. C’est donc une transformation structurelle de notre système éducatif qui se dessine. Le Pacte va également aggraver les inégalités femmes/hommes, question traitée par le ministère par une certaine forme de mépris au regard des réponses apportées. En effet, tout système de "prime" et "indemnité" contre de nouvelles "missions" défavorise les femmes par rapport aux hommes, comme le montrait une étude récente de la DEPP sur les IMP, en raison des charges familiales qui pèsent relativement plus sur les femmes et de la persistance de stéréotypes de genre dans l’attribution des missions.

Le Snes-FSU exige le retrait du Pacte. Il exige une revalorisation sans contreparties pour toutes et tous, avec redéploiement des 300 millions du Pacte vers le "Socle". Le Snes et la FSU exigent aussi l’ouverture de discussions sur les salaires des non-titulaires.