Publié en janvier 2024 mais préparé depuis plus d’un an, cet Avis sur l’organisation des enseignements au collège contient de multiples propositions mais certaines correspondent plus ou moins à des mesures déjà mises en œuvre depuis septembre ou annoncées le 5 décembre par Gabriel Attal.

Citons la recommandation « que les enseignants soient effectivement devant les élèves pendant la totalité des horaires hebdomadaires et annuels prévus » et sa conclusion : «  la formation continuée et continue des enseignants devra se tenir hors du temps scolaire. » Un autre passage fait écho à la communication ministérielle de la rentrée : « En particulier, il conviendra de faire respecter rigoureusement les mesures réglementaires nationales (interdiction du téléphone portable au collège, des tenues à caractère religieux ostensible, etc.) ».

Parmi les propositions qui font penser aux annonces du 5 décembre, nous lisons par exemple qu’il faudrait « valoriser » le DNB en diminuant la part du contrôle continu à 30 %. Finalement, en décembre, il a été annoncé qu’elle serait abaissée à 40 %. Mais surtout, l’avis propose de mettre en place des groupes de niveau homogènes en français et en mathématiques en 6ème et 5ème ou de la Cinquième à la Troisième, au choix de l’établissement. Ces groupes permettraient la mise en place de « parcours d’apprentissage séparés », les « fondamentaux » en effectifs réduits (20) pour des élèves et « approfondissement » pour les autres, en fonction des réussites aux tests de positionnement de Sixième ou les résultats aux évaluations pour les autres. Les modalités précises, comme l’attribution d’un horaire majoré pour les parcours des fondamentaux, relèveraient de l’autonomie de l’établissement. Une annexe présente un exemple d’organisation avec mise en barrette des horaires dans le cadre de classes à… 26 élèves ! Les parallèles sont évidents avec ce que G. Attal a annoncé le 5 décembre, qui semble avoir opéré un amalgame des deux options, avec le projet de groupes de niveau de la Sixième à la Troisième.

Le collège d’antan… et d’Attal ?

Les indices qui conduisent à penser que ce document est écrit et diffusé depuis longtemps sont nombreux.

Quand on se reporte à l’annexe des auditions, on se rend compte qu’elles se sont terminées en mai 2023 et qu’elles ont été peu nombreuses. Un seul syndicat enseignant reçu, le SNALC. Le SNES-FSU premier syndicat enseignant du second degré n’a pas été convié. Mais Jean-Paul Brighelli, Mara Goyet et trois professeur·es membres du collectif « Sauver les lettres », sans que leur appartenance au collectif ne soit mentionnée, ont été entendus. Quelques autres rares personnes auditionnées pourraient être les garantes d’une certaine diversité des positions mais elles ne semblent pas avoir été écoutées. En tout cas, il est mentionné que la nouvelle organisation des enseignements de mathématiques et de français proposée par le CSP s’inspire des propositions « de certaines organisations syndicales ». Un pluriel contredit par la note de bas de page afférente qui ne cite que le SNALC.

À la lecture de ce document, on est donc amené à se demander quand son contenu a été porté à la connaissance du ministre Attal. Quel rôle a pu jouer cet avis dans les mesures de rentrée et dans la construction du « choc des savoirs » censé avoir été élaboré à partir d’une concertation de deux mois dans le cadre de la mission « exigence des savoirs » ? Le SNES-FSU dénonçait déjà le ridicule d’une concertation devant porter sur l’avenir du système éducatif, expédiée en 8 semaines. Mais en fait, ce rapport du CSP laisse penser qu’elle n’avait pour but que de servir de paravent à une base déjà largement inspirée par l’avis du CSP, lui-même conçu à partir d’un nombre d’échanges et de points de vue très restreints et orientés.

Ce rapport confirme la volonté du ministère de défaire le collège unique pour créer une école à deux vitesses dès la Sixième. Les trois ministres qui se sont succédé depuis un an, portent une lourde responsabilité dans cette rupture de la démocratisation du second degré. Le Conseil supérieur des programmes révèle ici une absence de neutralité dans son rôle de conseil et des partis pris qui le discréditent définitivement.

Le SNES-FSU s’oppose au « choc des savoirs », et lutte pour son abandon total et immédiat.

A lire aussi cet article sur le rapport du CSP
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