23 novembre 2005

Le Snes-FSU dans l’Académie

Déclaration au CTPA du 22 novembre

Déclaration au CTPA du 22 novembre

Nous sommes aujourd’hui réuni en CTPA pour faire le bilan de la rentrée. Elle a été marquée par l’explosion des quartiers pauvres de nos villes, qui s’est manifestée aussi dans notre académie.

Ce qu’ont dit la majorité des habitants, de nombreux élus, ceux qui travaillent au quotidien dans ces quartiers où sévissent le chômage et la précarité, c’est que la solution ne passait pas par la répression, mais par l’emploi et le renforcement des services publics.

Alors que l’école devrait être une priorité, une ambition pour l’avenir, le gouvernement va à rebours de ce qu’il faudrait faire.

Le budget 2006 prévoit {{}}la suppression de 4 500 postes d’enseignants supplémentaires, alors que les suppressions, en 3 ans, de 15 000 postes d’enseignants et de 30 000 postes d’encadrement éducatif ont affaibli l’école, fragilisant tout particulièrement les établissements difficiles. Par ailleurs, le ministre de l’Education ne disposera pas d’un Euro supplémentaire pour les mesures « d’urgence » annoncées par le Premier ministre : il les financera par redéploiement de 40 millions d’Euros prélevés sur le budget 2006, au détriment d’autres missions. Dans notre académie, cela se traduira par de nouvelles coupes, et de nouveau par des centaines de suppressions de postes.
Depuis 6 ans maintenant, nous subissons les effets de cette politique, avec dans l’académie 2500 suppressions dans le second degré, et l’absence de créations dans le premier, malgré la hausse des effectifs.

Pour avoir participé à des CTP depuis plus longtemps, je peux affirmer avoir entendu dans cette enceinte, au temps où les effectifs gonflaient dans nos classes, qu’il fallait endurer les non créations de postes, au nom de l’égalité républicaine, mais que la baisse démographique permettrait d’améliorer la situation. Aujourd’hui, comme les années précédentes, nous entendrons que la baisse démographique justifie les retraits, mais que la situation serait pire si on prélevait tout ce que l’on « devrait » nous retirer. Au nom de l’égalité toujours républicaine, on nous expliquera qu’il faut accepter cette situation pour les académies qui au contraire ont une hausse des effectifs alors qu’augmentent les effectifs des classes et que se réduit l’offre de formation.. Nous vous demandons des éclaircissements sur ce qui nous remontent de nombreux établissements : avant même les dotations, les chefs d’établissement planchent sur les baisses démographiques, sans prendre en compte les redoublements, et font la chasse aux fermetures d’options et de BTS. Par exemple, comment expliquer le refus d’ouvrir au lycée Darras de Liévin une demi section BTS SIRA, alors que la demande existe, alors que successivement, 900 h puis 1100 heures de formation ont été accordées au GRETA ?

Toujours perdante, l’académie ? C’est ce que semble indiquer les derniers chiffres de la Géographie de l’école. Notre région souffre de lourds retards, et les années qui passent ne voient pas diminuer les différentiels. Nous affirmons que ces retards sont imputables au manque de volonté politique, à l’absence de moyens.

Les propositions du gouvernement sont inquiétantes : Les principales dispositions de la loi Fillon (socle commun, doublement des effectifs prévus à l’apprentissage...) visaient déjà à renforcer la ségrégation sociale au collège et portaient de lourdes menaces contre l’Education prioritaire. Le Premier Ministre, en ouvrant l’apprentissage dès l’âge de 14 ans, y rajoute la remise en cause la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans et fait faire à l’Ecole un bond en arrière de plus de 50 ans qui marginalisera encore plus les jeunes en difficulté scolaire. Dans notre académie, où 1/3 des élèves sont en REP, où le poids de l’enseignement professionnel est tel que l’apprentissage reste très limité, ces annonces gouvernementales augurent mal de l’avenir.

Pour finir sur ce point, deux événements de notre actualité académique illustrent la situation. Le premier est l’incendie qui a éclaté hier au Lycée Montebello, sans conséquence heureusement pour les personnes, en raison notamment des exercices de prévention réalisés. La situation a en effet été dangereuse en raison des dégagements de fumées et de la construction. Que constatons nous ? un lycée très grand, dont la disposition rend la surveillance difficile, un manque d’encadrement devenu criant, notamment avec l’ouverture d’un internat, des emplois du temps élèves éclatés en raison de regroupements imposés par les suppressions de postes, un CDI fermé aux élèves en raison des TPE, ECJS et du manque de personnels, des salles d’études fermées faute de surveillants.... et donc des élèves qui errent sans lieu de travail, le tout dans un quartier où les incendies n’ont pas été rares ces derniers temps. Il n’y a ni fatalité ni carences de comportement des personnels, mais bien l’effet des restrictions budgétaires.
Le deuxième exemple est la situation du collège Madame de Stael. Les collègues sont en grande difficulté, et il y a urgence. Certes, l’inspecteur d’académie s’est déplacé. Son discours nous rappelle fâcheusement des discours déjà tenus les années précédentes, à Louise Michel ou Maxence Van der Meersch, pour ne prendre ces exemples. Attitude négative (je viens quand JE le décide) discours culpabilisateur pour des équipes qui n’en ont vraiment pas besoin, et au bout du compte, annonces qui ne sont en rien à la hauteur des besoins : proposer un assistant d’éducation faisant fonction de CPE est ressenti comme un véritable affront. Il faut que le rectorat réponde vite et sérieusement aux collègues.

Je serai plus rapide sur le deuxième point.
Ces attaques sans précédent contre la démocratisation de l’école s’accompagnent de mesures autoritaires contre les personnels ; par exemple, le système des « remplacements de Robien » n’apporte aucune solution au problème des remplacements de moyenne et longue durée, son imposition pour les remplacements de courte durée sera un contresens pédagogique, mais il permet au ministre de préparer les prochaines atteintes à nos statuts, métiers et qualifications.Nous répétons que nous refusons la mascarade des protocoles, que nous invitons les S1 à refuser collectivement ces remplacements imposés. Les dernières précisions sur le paiement des heures ne répond pas à la seule volonté de limiter les dépenses, mais bien de transformer la nature même de notre métier. Lisons le dernier courrier du ministre : il nous annonce tranquillement que non seulement il faudra faire ces heures, mais qu’en plus pour éviter la garderie, il faudra travailler avec le collègue remplacé. De qui se moque - t-on : une préparation de cours, une progression ne se font pas sur un coin de table ! En plus, quand ces remplacements auraient un sens pédagogique, et cela correspond à ce qui est pratiqué, alors là, plus de rémunérations. Dans le même temps on nous apprend que les missions les plus difficiles finalement, le suivi et le soutien aux élèves, seront confiés à des personnels peu qualifiés, mal rémunérés, fortement précaires.

Les fonctionnaires supportent de plus en plus mal ces attaques qui renforcent tous les clichés sur les enseignants, leur travail, leur salaire et préténdus avantages ; ce qu’ils réclament c’est un vrai projet pour l’école qui permette un engagement et non ces successions de mesures qui les frappent en les humiliant.

On nous avait annoncé une prime de 1000€ pour les jeunes à cette rentrée : Où est elle ?

Les collègues reçoivent des chefs d’établissement des demandes de choix sur la journée de travail obligatoire non rémunérée : faut il rappeler que les études montrent la lourdeur du travail enseignant et l’absence de réduction du temps de travail ?

Les actions que nous avons annoncées, sur le remplacement, la grève du 24 novembre s’inscrivent dans cette perspective : il y a nécessité urgente d’un changement de cap de la politique éducative dans ce pays.