COMMUNIQUES DE PRESSE

Lycée Montebello de Lille

Communiqué de presse du personnel enseignant réuni en assemblée générale ce vendredi 8 avril
suite aux violences policières du jeudi 7 avril

Nous avons comme tant d’autres vu les images de la charge des forces de l’ordre contre les lycéens assis devant la préfecture du nord hier en fin de matinée. Nous avons vu des élèves, nos élèves, subir cet assaut d’une violence inattendue, recevoir coups de matraques, coups de pied au visage, gaz lacrymogènes. Nous avons reçu ce choc et nous sommes depuis profondément indignés.
Nous pouvions redouter des débordements dus à la supposée inexpérience de ces lycéens, nous avons vu ceux des professionnels du maintien de l’ordre public sous l’ordre du ministre Fillon.

Depuis le début de ce mouvement dans notre académie, depuis que ces jeunes gens expriment leur totale opposition à la loi Fillon, nous avons observé de leur part une grande maturité, un souci constant d’éviter les comportements provocateurs et irresponsables.
Ils n’ont fait preuve que d’un seul défaut, celui de refuser le fait accompli d’une réforme imposée sans concertation, votée à la hussarde, pour éviter tout véritable débat, alors que cette question de l’éducation avait été présentée comme un grand enjeu national.
Ils ont osé faire preuve de réflexion, osé ne pas accepter une loi régressive pour l’éducation nationale, osé ne pas accepter une loi qui fait de la réduction du coût de l’éducation, une pièce maîtresse des choix à effectuer en notre ministère.

Ils ont trouvé face à eux un homme au lourd passé. Monsieur Fillon possède en effet une expérience avérée en matière de pourrissement des conflits, expérience établie dès 2003 avec la réforme des retraites. Il a, en parfait accord avec le gouvernement dont il fait partie, la volonté d’imposer les décisions impopulaires, de déterminer seul avec une détestable arrogance ce qu’il croit bon, nécessaire et incontournable pour la nation.
Il n’a donc pas hésité et il a confirmé sa décision après que ces évènements ont eu lieu, a demandé que les forces de l’ordre répriment désormais sans ménagement les actions menées par les lycéens.
Il aura en cela démontré son incapacité à diriger un ministère dont le seul nom suggère la nécessité de savoir écouter, dialoguer, convaincre.

Nous renouvelons notre demande d’abrogation de la loi dite Fillon et par cette occasion notre soutien aux revendications exprimées par les lycéens.
Nous apportons nos sympathie et réconfort à ceux qui ont été directement touchés par les violences policières ainsi qu’à leurs familles et répétons notre dégoût face à de telles méthodes. Nous considérons en outre que ce ministre s’est définitivement disqualifié auprès des jeunes gens de ce pays, incapable qu’il est de leur parler et de répondre aux questions qu’ils se posent et lui posent.

Dans ces conditions, la démission de monsieur Fillon nous paraît être un préalable indispensable à la reprise du dialogue et à la sortie de ce conflit.


Lycée Queneau de Villeneuve d’Ascq

Le personnel du lycée Queneau de Villeneuve d’Ascq s’est réuni en AG ce jeudi 7 avril 2005 au matin. Il a constaté la situation créée par les méthodes du gouvernement : passage en force de mesures exactement contraires aux demandes exprimées par les lycéens lors de la consultation, mépris pour les positions exprimées par tous les acteurs de la communauté éducative, entrée de la police dans les lycées...

Les personnels affirment leur solidarité pleine et entière avec l’action décidée et pour suivie pacifiquement par les élèves (aujourd’hui, journée « lycée mort ») et s’engagent à demeurer à leurs côtés dans celle-ci.

Ils envisagent d’ores et déjà les moyens de faire reculer le gouvernement par de nouvelles initiatives afin de mettre un terme au blocage de l’institution et de rendre possible la rentrée 2005, à ce jour compromise par les mesures hâtives et scandaleuses du ministre Fillon.


Petit journal des occupations de lycées dans l’académie de Lille

 Lycée Montebello de Lille
Mercredi 30/03/05 à samedi 02/04/05 :
Installation des tentes des élèves dans les jardins du lycée vers 16h30
Tentative d’intimidation du chef d’établissement qui menace d’appeler la police si les élèves ne décampent pas dans les 5 minutes ; les élèves restent jusqu’au samedi 2/04 midi puis partent manifester.
L’occupation s’est faite dans des conditions difficiles (refus d’un accès aux toilettes malgré l’intervention des organisations syndicales) mais avec la solidarité des professeurs et de quelques parents qui ont répondu aux sollicitations des élèves en assurant une partie du ravitaillement et une vigilance de nuit aux abords du lycée.
L’établissement est fermé par décision administrative dès le jeudi 31/03 à 8h ; interdiction d’accès aux personnels dès le vendredi 14h30.
Dimanche 3/04 et lundi 04/04/05
L’occupation du lycée reprend le dimanche 3/04 en soirée. Le lendemain , vers 6h30, les élèves ont été délogés par les CRS sans violence. Présence des CRS puis des gendarmes à la porte du lycée jusqu’à 19h. Sit-in des élèves jusqu’à 10h puis dispersion.
La majorité des personnels a refusé d’aller travailler dans ces conditions ; des organisations syndicales des élus, la FCPE sont intervenus en vain toute la journée pour le retrait des forces de l’ordre, préalable posé à toute reprise du travail des personnels.
Mardi 05/04/05
7h : toujours présence policière ; nouvelle pression des personnels auprès du chef d’établissement qui demande enfin aux forces de l’ordre de quitter les abords immédiats de l’établissement.
Les professeurs acceptent de tenir leurs cours jusqu’à 10h, annonçant que si la situation n’avait pas fondamentalement changé d’ici là, ils prendraient leurs responsabilités au cours de l’AG. A 10h, les forces de l’ordre ont quitté les lieux ; vote de la reprise des cours par les professeurs ; retour discret des forces de l’ordre vers 15h30 ; nouvelle intervention du Snes et du Sgen.
Mercredi 06/05/04
Des élèves ont de nouveau occupé le lycée et sont présents avec leur tente avant l’ouverture du lycée. Pas de présence policière. Ouverture normale du lycée.
L’AG des personnels vote la grève pour le jeudi 07/04/05 dans le cadre de l’action nationale « lycées morts » décidée par les organisations lycéennes et soutenue par le SNES-FSU

 Lycée Faidherbe de Lille
Occupation dimanche soir 03/04/05 et évacuation par la police le lundi 04/04/05.

 Lycée Pasteur de Lille
Les élèves ont décidé de mener une action sur la semaine du 04/04/05 au 09/04/05 .
Ils se sont réunis en AG lundi, et nous les avons accueillis à notre AG ensuite. Ils ont persisté dans leur volonté d’occuper et de camper. Ils comptaient manifester devant le rectorat. Après discussion, un blocage temporaire du lycée a été envisagé pour le mardi, de 8 à 9h.
Ils ont donc bloqué, en présence de quelques enseignants, l’entrée du lycée mardi matin : de ce fait, le bilan de l’audit du lycée ne s’est pas tenu (les participants extérieurs sont repartis...).
Une délégation a été reçue par le rectorat, mais pour un dialogue de sourds.
Ils ont campé (une trentaine d’entre eux) cette nuit (du mardi 5 au mercredi 6), mais ont été dégagés, manu militari, ce matin par la police.

 Lycée Queneau de Villeneuve d’Ascq
Mardi 5 avril, en fin d’après-midi, une soixantaine de lycéens de Queneau ont occupé le lycée en s’installant dans la cour.
Peu avant huit heures, trois cars de gendarmes mobiles arrivaient pour les déloger ! Les lycéens ont choisi de s’asseoir dans la cour et de ne pas répondre aux sommations. Des enseignants présents les ont accompagnés dans leur résistance pacifique, ne pouvant se résigner à les laisser seuls face à la force. Des parents avaient rejoint les lieux, ainsi que quelques élus de Villeneuve d’Ascq. Les gendarmes mobiles ont évacué les lycéens par la force, sans violence, mais sans concession non plus.
Mercredi 6 avril, dès 7h30, une centaine de lycéens bloquent le lycée et appellent les lycéens qui arrivent à les rejoindre. Les personnels solidaires, à l’appel de leurs organisations syndicales, rejoignent les lycéens devant le lycée, condamnant le recours à la force contre une forme d’action pacifique et maîtrisée et ne pouvant accepter que la seule réponse aux revendications lycéennes soit le recours à la police ou à la gendarmerie.
Ensemble, les lycéens et les personnels ont refusé de reprendre les cours sous surveillance policière et demandé que le recteur renonce à la force et choisisse le dialogue.
L’après-midi, les lycéens de Queneau ont décidé de participer au sit-in avec les lycées lillois, Grand-Place à Lille.
Jeudi 7 avril, ils appellent à participer à la journée nationale d’action lycéenne et les personnels solidaires seront à leurs côtés.