Deux Conseils Départementaux de l’Education Nationale sont réunis tous les ans en octobre : l’un à compétence Etat pour établir le bilan de la rentrée et l’autre, à compétence Collectivité territoriale (conseil général), pour avis sur la dotation de fonctionnement accordée aux collèges.

Le CDEN bilan de rentrée du 16 octobre.

Nos camarades du 1er degré et nous mêmes avons vivement condamné le fait que l’éducation nationale n’était plus une priorité de la nation. Constatant par exemple pour la maternelle que la réforme qui vise à scolariser les 2-3 ans à mi-temps, n’a pour but que de récupérer des postes, permettant une baisse du nombre des personnels en exercice. Même constat pour les fusions d’école qui transforment 2 structures en une grosse machine de 15 classes, mais avec 1 seul directeur, et une plus grande souplesse pour fermer des postes.

Pour le second degré, l’Inspecteur d’Académie a fait le bilan chiffré de la rentrée 2003 après avoir rappelé ses objectifs pour cette rentrée : l’évolution des Segpa avec la fermeture de nouvelles formations qualifiantes (il en reste 23). Nous sommes persuadés qu’à terme, les élèves de Segpa seront scolarisés dans les classes de collège. L’extension du nombre de classes relais et d’ateliers relais, l’ouverture de nouvelles unités d’intégration pour les handicapés, mais aussi le blocage du nombre de classes spécifiques (3e d’insertion, classes européennes etc).
La baisse des effectifs des collèges reste sensible cette année, même si l’Inspection attend les résultats de l’enquête lourde de rentrée pour affiner :
  Au vue de l’enquête rapide, il y a encore à peu près 3 000 élèves de moins par rapport à l’an dernier, mais le nombre de fermetures de divisions est inférieur à ce que l’administration aurait pu faire (vieux refrain connu). L’inspecteur d’académie a donc conclu sur l’amélioration du taux d’encadrement (23.24 élèves par classe (23.3 l’an dernier !) : de 2 points inférieur à ce qu’il était, il y a 10 ans), grâce au retrait de - seulement ! - 57 postes.
  Les nouvelles normes (structure remplaçant le H/E, permettent d’améliorer le taux d’encadrement (moyenne de 22 élèves en zone violence, de 24 en Rep, de 25 à 28 pour tous les autres privilégiés : 129 collèges sur 205 !)
  Nous ne devons pas être inquiets, l’administration a prévu comme l’an dernier, une aide spécifique pour les actions et la souplesse (3e I, clad, enfants du voyage, UPI, classes euro, Classes à horaire aménagé, classes relais, intégration des handicapés hors UPI) de 12 à 27h par établissement.
  L’avenir est radieux : dans notre département, nous avons obtenu 175 postes de plus que la dotation déléguée par le ministère. Faites vos comptes.

L’espace éducatif nous pose des problèmes inouïs : les surveillants sont mis en extinction, les emplois-jeunes ne sont pas renouvelés. La dotation en assistants d’éducation, permet à peine de compenser la disparition des MI-SE, ne renouvelle quasi aucun des aides-éducateurs. Ceux-ci ont montré l’existence de besoin réels, l’administration ne mesure ces besoins qu’à l’aune de ses moyens…

Tous les syndicats et confédérations présentes à ce CDEN se sont montrés très inquiets pour l’avenir, malgré des bémols en ce qui concerne la vision de l’éducation nationale. Le grand débat sur l’école est en route, nous serons amenés à accepter l’idée qu’injecter des moyens pour le plaisir de dépenser des sous est une hérésie. « La véritable réforme » de l’éducation nationale passe obligatoirement par « travailler plus, travailler mieux ». Moins de droits, moins de congés, plus de contraintes, plus d’années de service (normal, votre expérience est inégalable et à 65 ans, vous aurez engrangé plus de capacités qu’à 60 !)

Nous sommes intervenus à de nombreuses reprises pour dénoncer le saccage du service public d’éducation, voici en annexe, le contenu de la déclaration du Snes-Fsu pour le 2d degré :


DECLARATION DU SNES FSU AU CDEN ETAT DU 16/10/2003

M. Le Préfet, M l’Inspecteur d’académie, M le président du conseil général, nos craintes sur la déstructuration du service public d’éducation, le désengagement de l’Etat, exprimées l’an dernier en cette même enceinte, confirmée par l’expression des personnels pendant les longs mois de lutte se sont avérées fondées. L’éducation nationale, loin de faire partie des priorités du gouvernement risque de devenir la proie du secteur marchand.

Certes la baisse des effectifs en collège se poursuit, mais les retraits d’emploi, même en nombre inférieur à la loi de la calculette, et les dotations sur la base de la structure, si le volume global des moyens est lui aussi en baisse, ne permettent pas, sur le terrain, une véritable baisse du nombre d’élèves par classe. Il est clair que le refus d’ouvrir les listes complémentaires cette année, tout comme la suppression de 2500 postes d’enseignants stagiaires pour 2004, face au grand nombre de départ en retraite à venir, et le redéploiement vers certaines académies, ne vont pas concourir à améliorer les taux d’encadrement dans notre département.

Le recours aux précaires va de nouveau se faire rapidement sentir, mais même pour eux, la situation va en se dégradant puisque se sont de plus en plus souvent des vacataires.

Le problème de la SEGPA reste le même : les effectifs s’érodent également. Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises : C’est une structure adaptée à des élèves au profil particulier ; les élèves sont dans les écoles ou le collège, les moyens existent, les enseignants sont là. Plusieurs segpa sont tombées sous la barre des 50 élèves, d’autres s’en approchent dangereusement. Sans une politique offensive d’incitation, plusieurs structures seront fermées dans les prochaines années.

De plus en plus, les collèges privés et publics se différencient par l’origine sociale de leurs élèves. Le public deviendrait-il le collège du pauvre ? : il suffit pour s’en convaincre, nous en reparlerons cet après-midi, d’étudier les documents sur l’aide à la demi-pension. Un nombre croissant de nos élèves présente des difficultés scolaires. Nous pouvions sans doute nous féliciter du fait que notre académie rattrapait son retard sur les autres, cela va être une embellie de courte durée : sans les moyens nécessaires, la lutte contre les inégalités et l’échec scolaire va glisser vers d’autres financements. Les documents sur l’aide aux collégiens montrent que 37% des actions représentent du soutien ou de l’approfondissement des connaissances. En parallèle, les IDD ont été étendus aux classes de 4e, sans que nous ayons eu connaissance d’une évaluation sérieuse des résultats de la 5e. Cette extension se fait à moyens constants avec une dotation souvent très serrée. Dans de nombreux établissements, alors que les moyens pour la remédiation ont disparu pour éviter des divisions à 28 ou 30 élèves, plus d’un collègue s’est retrouvé en « sous-service » de manière à obtenir son adhésion à ces IDD. Il nous semble assez paradoxal que les moyens du département soient utilisés pour faire de l’enseignement, et je réaffirme que le soutien et la remédiation font partie de nos tâches premières, ne négligeant pas votre conception des heures de « répétitions », alors que des heures incluses dans les dotations soient utilisées pour faire des IDD, dont l’utilité en ce qui concerne la lutte contre l’échec scolaire n’est pas prouvée. M Ferry a d’ailleurs pris des positions qui vont les rendre facultatifs. Nous ne partageons pas souvent ses positions, celle-ci a le mérite d’être conforme à nos préoccupations et aux solutions que nous préconisons. Mon inquiétude, cependant, allons-nous récupérer les moyens disciplinaires, ou la DGH sera-t-elle amputée des moyens liés aux IDD non effectués…

Je reste, excusez-moi, sur le transfert des charges de l’état à d’autres « partenaires ». Nous sommes également inquiets par rapport à la maintenance des sites informatiques dans les établissements scolaires. Auparavant, il y avait des équipes mobiles. De nombreux emplois-jeunes, souvent formés sur le terrain veillaient au grain. Les DAF, feront de la maintenance sur le soft, les emplois-jeunes arrivent en fin de contrat. Croyez-vous, M. l’Inspecteur d’académie que les nouveaux assistants d’éducation vont reprendre sous huitaine, tout le travail des uns et des autres ? Ne croyez-vous pas que si des emplois statutaires avaient été crées aussi bien au niveau des CDI que de la maintenance informatique, nous n’en serions pas à ces nouvelles inquiétudes ? Un emploi statutaire correspond à des personnels formés qui exercent longtemps ou sont remplacés suite à mutation par des collègues eux-mêmes formés. Nous sommes dans la situation où l’état ne va plus assurer la maintenance hormis par le biais de jeunes sans formation adéquate. Nous sommes et nous restons persuadés qu’il y a grand risque, qu’à terme de nombreux établissements se tournent vers le secteur marchand pour la maintenance au coup par coup ou par contrat. Et ces coûts pourraient bien être financés par d’autres partenaires.

Les fonds sociaux nous posent le même type d’interrogation. M le Recteur a beau être rassurant, le ministre l’est beaucoup moins. Là aussi, la pression risque d’être très forte sur les collectivités territoriales pour qu’elles assument ce qui devrait rester à la charge de l’Etat. Mon collègue Jean Paul Machen le réaffirmait l’an dernier : Les bourses comme l’aide à la demi-pension doivent être du ressort de l’état. Le glissement constaté de ces charges pourrait aller croissant.

L’espace éducatif : je suis désolé de devoir être aussi long. Nous n’en sommes plus au stade des inquiétudes ; nous sommes catastrophés. D’abord par le nombre des personnels. Mon collègue Pierre Laumenerch en a parlé tout à l’heure, nous sommes très loin du remplacement nombre pour nombre. Même si nous n’avons jamais été favorables au recrutement de personnels précaires, voire de droit privé, ces personnels ont fait la preuve de besoins qui seront dorénavant difficilement couverts. Dans le second degré, la situation n’est pas plus enviable. Dans notre académie plus de 100 surveillants intérimaires sont au chômage. M le Recteur ne veut pas les réemployer. Les postes d’assistants d’éducation ne sont pas tous pourvus, loin de là. La qualité du recrutement, met à l’écart les critères sociaux auquels nous sommes foncièrement attachés. Les prévisions de recrutement pour 2003/2004 (9000 pour 13000 départs estimés) montrent que la couverture sera de moins en moins assurée. De nombreux établissements vivent déjà très mal la disparition sans remplacement des EJ, la surveillance et la sécurité des élèves posent de plus en plus de problèmes et va en poser davantage dans les prochains mois.

Dernière inquiétude, l’apparition des classes de 3e à projet professionnel, 57 cette année. Même si elles ne sont pas le parallèle des 3es d’insertion (53), nous sommes persuadés qu’elles pourraient devenir à terme une solution pour gérer une hétérogénéité qui devient de plus en plus problématique pour les acteurs et les usagers de l’école. Avant même le grand débat sur l’école, le collège devient de moins en moins unique.

Pour toutes les raisons évoquées, et sans une politique qui veut rendre à l’école publique, sa véritable place dans notre démocratie, nous resterons perdants sur le terrain de la reconquête de nos élèves sur l’école privée et perdants sur le terrain d’une véritable école au service du peuple. La société de demain sera ce que l’école publique d’aujourd’hui en fait.