CAA du 13 janvier / Texte collège

La majorité actuelle, comme la précédente, évacue systématiquement la question des effectifs par classe, condition indispensable de la démocratisation, comme le rappellent des études récentes.
L’austérité assumée du deuxième gouvernement Valls en matière budgétaire explique largement ce déni, qui augure mal de la réforme annoncée du collège, et sans que soit envisagée la remise en cause de la réforme du lycée.

Le cadre budgétaire ainsi contraint, la « refondation » ne peut qu’être « pédagogique » : au collège, il ne s’agit plus que de transférer la responsabilité de « l’efficacité » du système éducatif aux personnels, sommés de réformer leurs pratiques pour « travailler autrement ».

 La relance de l’éducation prioritaire conduite par la nouvelle ministre illustre parfaitement le chemin emprunté pour l’ensemble des collèges : si aucun engagement national n’a été pris sur les taux d’encadrement, la mise en œuvre du référentiel de l’éducation prioritaire est la priorité des priorités, avec en filigrane le projet d’école du socle. La question de la mixité dans les établissements, fondamentale dans toute l’académie, est renvoyée à des discussions technocratiques entre DASEN et Conseils Généraux, incités à examiner la création de « secteurs multi-collèges ».

 Dans l’ensemble des collèges, la fameuse « continuité pédagogique et éducative » que doivent favoriser le conseil école-collège, et bientôt le conseil de cycle CM1-CM2-6e, constitue une injonction de plus en plus menaçante pour les PLC, et qui plus est chronophage. La prolifération des instances de ce type est en décalage avec les attentes réelles de nos collègues, qui doivent faire face à des exigences bureaucratiques croissantes sous couvert de personnalisation des parcours, et dont la liberté pédagogique est de plus en plus remise en cause via les ENT, outils favoris des nouveaux managers.

Dans ce contexte, la redéfinition des contenus à enseigner au collège, confiée au CSP, revêt une importance fondamentale : la défense du caractère disciplinaire des enseignements est capitale pour contrer l’entrée de personnels polyvalents en 6e, et l’imposition de pratiques pédagogiques déconnectées des savoirs ambitieux (systématisation de l’approche par compétences, primat du « projet »).
Or, les dernières propositions en date du CSP visent à encourager cette primarisation du 2d degré, en prônant une évaluation du socle au travers de 8 « blocs de compétences », dont la seule validation suffirait pour l’attribution du DNB.
Dans les semaines qui viennent, il est donc essentiel que le SNES :
exige des programmes strictement disciplinaires, et rejette en particulier tout alignement des programmes de 6e sur ceux de CM2 au nom du nouveau cycle. Les programmes d’enseignements doivent rester nationaux, ainsi que les horaires dédiés. Le SNES continue à s’opposer à l’attribution de DGH qui incluraient un pourcentage d’heures laissées à l’autonomie.
s’oppose à la dilution des Segpa dans des dispositifs dits inclusifs sur le modèle des Ulis. L’expérimentation en cours dans l’académie montre bien qu’il s’agit d’introduire des personnels du 1er degré et la polyvalence au collège, en privant les élèves concernés de la prise en charge à laquelle ils ont droit.
obtienne des garanties sur le maintien du DNB, dont il faut renforcer le caractère d’examen national et anonyme. Cela suppose que les collègues soient dégagés des contingences locales, et donc la suppression de l’oral d’HDA dans les conditions actuelles, ainsi que le maintien d’épreuves terminales évaluant des savoirs et savoir-faire disciplinaires.
Sensibilise et mobilise la profession pour le cas où les horaires actuels seraient diminués, et/ou redéployés au profit de dispositifs interdisciplinaires obligatoires. Il s’opposera notamment au retour, sous une forme ou une autre, des itinéraires de découverte, dont les moyens sont encore inclus dans les dotations. C’est aux programmes de prévoir les liens entre les disciplines.

Alors que la nouvelle ministre renonce à consulter réellement la profession sur les futurs contenus (exemple de l’enseignement moral et civique), il est important que le SNES précise ses positions sur la réforme du collège, en diffusant des messages clairs et offensifs.

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