26 mai 2013

Les personnels

Bac LV : Compréhension orale - Chronique d’une catastrophe….annoncée

Bac LV : Compréhension orale

Chronique d’une catastrophe….annoncée

17 lycées sur 85 ont répondu en détail à l’enquête du SNES sur le 1er bilan de la passation de l’épreuve de compréhension orale du bac 2013.C’est un peu moins que lors de la première enquête, avant la CO où plus d’un quart des lycées de l’académie avaient répondu. Mais des collègues nous ont répondu ne pas avoir de réponse plus précise à fournir que celles données en avril. En tout, les remontées concernent donc un échantillon très représentatif-un quart des lycées du Nord/Pas-de Calais- d’autant que les conclusions vont toutes dans le même sens.
Au niveau de la date de l’épreuve, elle a été très variable dans le temps, s’étalant de janvier à avril .A noter que là où elle s’est déroulée en avril, c’est suite à la pression des collègues insistant pour que la circulaire ministérielle soit mise en œuvre. Un grand nombre de réponses concerne mars, du début à la toute fin, c’est-à-dire à cheval sur les 2è et 3è trimestres. Dans de nombreux lycées, les chefs d’établissements n’ont d’abord pas informé les personnels de la possibilité d’organisation de la CO au 3e trimestre et quand les collègues en en fait état, un refus net leur a été souvent opposé Le non-respect des textes officiels est donc un premier dysfonctionnement grave. Le second problème concerne l’inégalité de traitement des candidats face à une épreuve qui ne peut pas évaluer les mêmes acquis –alors qu’il s’agit du même examen- si elle se déroule en janvier ou en avril…
Les conditions matérielles ont également donné lieu à nombre de dysfonctionnements et d’inégalités même si un effort a souvent été fait dans les établissements pour faire « au mieux » ; mais faute de matériel informatique performant ( vidéo -projecteur, pc…), les enseignants ont parfois dû renoncer à un document qu’ils estimaient le mieux adapté. Dans la grande majorité des cas, un collègue de langue –de la langue adéquate-était chargé de la surveillance , mais pas partout. Un agent technique était présent , pour parer à toute éventualité dans environ la moitié des cas. Un dysfonctionnement technique a dans un cas entraîné un retard dans l’épreuve.

Dans la majorité des cas, l’organisation par salle a été satisfaisante : de 15 à 22 élèves par classe , un élève par table , avec des conditions acoustiques et/ou visuelles satisfaisantes. Cependant dans plusieurs lycées les conditions ont été mauvaises : de 30 à 45 élèves par classe…Là encore, inégalité maximale… Sans compter que dans certains cas, faute de salles, tous les élèves ne pouvaient passer l’épreuve en même temps et ont été confinés ½ h en attendant que la deuxième fournée de candidats ait terminé.

Pour le papier bac –modèle officiel de copies bac- 7 lycées ont eu la chance de l’obtenir, souvent après moult et âpres batailles, les proviseurs se retranchant derrière les injonctions rectorales, confirmées lors de l’audience snes du 29 mars (coût du papier….). L’absence de copies officielles a entraîné chez les élèves un manque de prise en compte de la dimension officielle de l’épreuve.

Pour le déroulement à proprement parler de l’épreuve, si partout (sauf dans un cas quand même) les élèves avaient bien reçu une convocation officielle du sceau de l’établissement, l’identité n’a pas forcément été vérifiée et des retards ont été constatés (d’où un retard au démarrage de l’épreuve). Cela non plus n’est pas acceptable.

Pour la correction, l’anonymat n’a pu être obtenu que dans 4 cas, suite là encore à un déploiement d’énergie syndicale important, pour une donnée pourtant évidente …s’il s’agit bien du bac .Ailleurs, refus strict sous couvert de consigne rectorale. Une harmonisation a souvent été mise en place, mais pas toujours, , et ce de façon très différente selon les lycées : organisée parfois sur une ½ journée banalisée dans l’établissement , organisée « sauvagement » par les collègues sur une ½ journée libre commune …Dans un établissement, les collègues ont refusé ces conditions et engagé une action de protestation, refusant pendant 2 mois de prendre en charge les copies…Le paiement , parfois assez symbolique , a été obtenu dans 1/3 des cas alors que la masse de travail est estimée jusqu’à 40 heures de travail en sus pour les collègues (parfois plus quand les collègues ont monté un document audio ou vidéo).
Enfin, la confidentialité des notes-vis-à-vis des élèves et des collègues-n’ a pas toujours été respectée, ce qui constitue une entorse grave à la déontologie de l’examen, pouvant faire l’objet de recours. Dans certains cas, cela s’est fait de façon « sauvage », dans d’autres cas, systématiquement.

Enfin, les sessions de rattrapage n’avaient pas toujours été prévues (ou avaient été délibérément ignorées) et ont dû se mettre en place parfois 2 mois après la première session et dans des conditions par forcément optimales.

Peu de pressions pour la notation (mais quelque unes quand même… !) et constat unanime d’une grille d’évaluation calamiteuse, ne permettant absolument pas de nuancer les résultats et de prendre en compte le niveau réel des élèves sans compter les pratiques répétées de « l’arrondi » qui gonflent encore la note finale et décrédibilisent un peu lus l’épreuve.

Bilan ? Un sabotage en règle du bac. Des inégalités de traitement des candidats à tous les niveaux et une dévalorisation des épreuves et du bac , un mépris du travail des enseignants –tant par la négation et la non-rémunération de la masse monstrueuse de travail – une négation de la souffrance et du stress face aux enjeux –les enseignants étant généralement les seuls garants du respect des consignes minimales de l’examen au prix d’un investissement totalement démesuré par rapport au résultat .Ajoutons à cela une désorganisation maximale des enseignements qui a encore été amplifiée en mai par les épreuves d’expression orale.
Il faut donc en tirer les conséquences pour la bac 2014. Vincent Peillon a annoncé qu’il allait dresser un bilan : nous allons l’y aider ! Des épreuves finales s’imposent .Aucun obstacle matériel à cela . C’est juste un choix politique : un bac juste , premier degré universitaire , garant de l’égalité sur tout le territoire et non…juste un bac.