23 octobre 2012

Le Snes-FSU dans l’Académie

CTA du 22/10 : Déclaration préalable de la FSU

Déclaration FSU CTA du 22 octobre 2012

Nous commencerons cette déclaration en informant les membres du CTA d’une triste nouvelle : vendredi 19 octobre, Olivier Demesteere, secrétaire académique du SNUEP-FSU et commissaire paritaire dans la CAPA des PLP, est mort brutalement. Avec cette disparition, nous perdons un professeur investi dans son lycée et dans son métier, un militant plein de projets, un compagnon de route enthousiaste.

Nous attendions depuis le mois de mai un changement à la tête du rectorat de Lille ; c’est désormais chose faite. Nous vous souhaitons la bienvenue, M. le Recteur, ou plutôt un bon retour dans une Région où vous avez laissé un excellent souvenir à vos anciens élèves germanistes, qui reconnaissent en vous le pédagogue et l’homme de culture.

Nous sommes cependant désagréablement surpris de constater que les mauvaises habitudes perdurent : les chefs d’établissement ont d’ores et déjà reçu au moins un document qui sera présenté ce jour au CTA, celui sur le calendrier scolaire, entérinant l’idée que cette instance serait devenue une coquille vide ! Or, cette question mériterait d’être débattue, notamment dans le 2d degré, car les modalités de rattrapage des cours sont loin d’être satisfaisantes.

Mais si nous attendions un changement de forme, tant le dialogue était devenu impossible avec votre prédécesseur, nous attendons également un changement de politique.

Or, les premières annonces faites nationalement sont inacceptables :

 Si l’Education Nationale verra ses effectifs de personnels augmenter avec la création de 10 011 postes, cela ne peut pas se faire au détriment des autres secteurs de la Fonction Publique. En effet le projet de budget prévoit une stabilisation de la masse salariale de l’Etat à 80,6 milliards d’€ contre 80,4 milliards d’€ en 2012 et une diminution des dépenses de fonctionnement des ministères de 5 %, portant l’effort global à 2,8 milliards d’€. Ce sont 12 298 postes de fonctionnaires qui sont appelés à disparaître dans les ministères non prioritaires.

la FSU est très attachée à un service public d’Education nationale, composé de personnels fonctionnaires d’État, assurant à tous les élèves sur l’ensemble du territoire une égalité de traitement. Or, alors qu’aucun bilan des précédentes décentralisations n’a été fait, l’acte III de la décentralisation en discussion actuellement donnerait encore davantage de pouvoir aux régions, voire le pilotage de la formation initiale, au nom des moyens financiers consacrés par les collectivités territoriales à l’École depuis des années, l’Etat s’étant déchargé de ses missions.

L’efficacité ne se mesure pas à la hauteur des sommes d’argent allouées ou d’expériences qui restent ponctuelles et servent de vitrines pour les Régions. Après 30 ans de décentralisation, les inégalités régionales ont-elles diminué ? Nous pouvons faire le constat chaque jour dans nos établissements que non, qu’elles auraient même tendance à s’accentuer en fonction des priorités que se donne chaque président de collectivité territoriale. Nous avons besoin d’un État qui retrouve pleinement ses prérogatives et assume ses responsabilités.

 La FSU constate également que le grand débat sur l’École s’est déroulé pendant les vacances, excluant de fait les personnels, qui n’ont pas obtenu la journée banalisée, demandée par la FSU, et qui aurait permis aux enseignants de prendre part à ce débat. Les usagers ont également été les grands oubliés de ce débat. Une des questions considérées à juste titre comme fondamentale : la formation des générations à venir aurait dû faire l’objet d’une réelle concertation.

Dans le premier degré, nous nous félicitons que l’école primaire soit une priorité du gouvernement avec un budget en augmentation positive de 1,2%, hors pension, par rapport au budget 2012.

Certaines des mesures proposées vont dans le bon sens comme celle qui préconise « le plus de maîtres que de classes ». Par contre les propositions sur les rythmes scolaires sont à revoir. Une journée de classe pratiquement aussi longue, 5h30 au lieu de 6h, une demi-journée supplémentaire le mercredi matin, un deuxième trimestre toujours aussi déséquilibré, le premier scénario dévoilé hier par Vincent Peillon est très décevant.

Le dispositif d’une demi-heure d’aide aux devoirs proposé en classe entière ne permettra pas un suivi particulier des élèves qui en auraient le plus besoin. Quid de la situation des élèves de maternelle qui eux, n’ont pas de devoirs ?

Pour les enseignants non plus, le compte n’y est pas. De quatre journées à l’école, 24 heures hebdomadaires devant la classe entière et 60 heures annuelles d’aide personnalisée à un petit groupe d’élèves, ils passeraient à 25 heures devant toute la classe et une demi-journée supplémentaire à l’école. Où est l’amélioration de leurs conditions de vie professionnelle et personnelle ? Où sont les possibilités de développer de nouvelles formes de travail : décloisonnement, travail en équipe, formation... ? Ces propositions sont inacceptables en l’état. Un travail sérieux et approfondi doit, dès maintenant, s’engager dans le cadre de véritables négociations.

Dans le second degré, les premières conclusions qui en sont tirées et qui pourraient inspirer la future Loi d’Orientation et de Programmation, non seulement ne remettent pas en cause les réformes qui nous ont été imposées ces dernières années et qui sont condamnées majoritairement par les personnels, mais elles confirment le tournant idéologique entamé avec le gouvernement précédent, voire vont beaucoup plus loin (comme c’est le cas pour l’orientation qui serait régionalisée et soumise à l’adéquationnisme local, ou encore l’offensive en règle contre l’unité du 2d degré et plus particulièrement contre le collège, avec la création d’un cycle regroupant le CM1, le CM2 et la 6e, accompagné d’un conseil pédagogique primaire-collège). Rien n’est annoncé concernant la revalorisation des salaires, indispensable pour redonner de l’attractivité à des professions qui ne recrutent plus, alors qu’en plus, les menaces se font plus précises sur notre temps de service. Nous espérons que de véritables négociations pourront s’ouvrir rapidement et qu’elles permettront de prendre réellement en compte nos aspirations et celles des collègues que nous représentons.

Nous souhaitons également réaffirmer la place essentielle des psychologues du premier degré et des conseillers d’orientation-psychologues au sein de l’Education Nationale. Leur rôle doit être reconnu pleinement et statutairement, les recrutements de ces personnels doivent être augmentés afin de leur permettre d’exercer toutes leurs missions au service des élèves et de leur famille et des équipes éducatives. 

Nationalement toujours, des mesures peu coûteuses n’ont pas été prises alors qu’elles correspondaient pourtant à des engagements de campagne : ainsi, il est plus que temps de supprimer les ECLAIR et le livret de compétences ainsi que l’aide personnalisée rejetée par 80% des PE. Parallèlement, des mesures dont personne ne voulait sont imposées : alors que le ministre Peillon avait indiqué qu’il respecterait une période d’observation concernant la voie technologique, nos collègues de STI ont reçu un courrier leur donnant leur nouvelle discipline d’enseignement dans une des 4 valences du lycée technologique, avec la possibilité d’être envoyé à temps complet en technologie collège. Est-ce vraiment en ne tenant pas compte de l’avis des personnels, en les mettant en difficulté professionnellement que vous comptez attirer 43 000 nouveaux professeurs et CPE ? Est-ce ainsi que la voie technologique pourra être revalorisée et redevenir la filière d’excellence pourvoyeuse d’emplois qu’elle devrait être ?

Nous avons aussi des demandes fortes au niveau académique :

d’abord bien sûr la question des majorations de service qui provoque des réactions très fortes en lycée : mesure vexatoire s’il en est, elle ne peut être acceptée par des collègues qui subissent depuis des années la dégradation des conditions d’enseignement, qui se sont investis bien souvent sans compter, et qui ne comprennent pas l’attitude de l’institution à leur égard. L’Éducation nationale et l’académie de Lille n’ont rien à gagner en démotivant leurs personnels dont la colère est grandissante dans une académie socialement défavorisée et qui a tant besoin que l’investissement des personnels soit reconnu à sa hauteur. La colère est à la mesure de l’espoir suscité par votre arrivée.

Deuxièmement la question des épreuves de langues au baccalauréat session 2013 : à la date d’aujourd’hui, les réunions tenues par les IPR -et qui n’ont pas encore toutes eu lieu- font état d’une désorganisation et d’une absence totale de pilotage et de cadrage à quelques semaines de la possible épreuve de compréhension orale. Cela est là aussi inacceptable. Nous demandons donc que dans les meilleurs délais des mesures nationales et académiques soient prises afin de cadrer nationalement ces épreuves.Une audience ministérielle doit avoir lieu pendant les prochaines vacances, la demande majoritaire, si ce n’est unanime, des personnels de l’académie, doit y être portée.

Ensuite, la situation des stagiaires : tous doivent bénéficier d’une décharge, y compris les documentalistes et ceux qui ont une expérience d’enseignement, d’autant que cette expérience a pu se forger dans un autre cycle, d’autres niveaux, sans formation, et que tout est à refaire. Tous également doivent pouvoir se consacrer à leur activité professionnelle sans avoir à subir l’épée de Damoclès que constitue le maintien de l’exigence du CLES 2 et du C2i2e comme préalable à la titularisation.

Concernant le sport scolaire (UNSS) : suite aux rapports de l’Inspection Générale et de la Cour des Comptes, l’élaboration du PND (plan national de développement) et l’intervention du Ministre Vincent Peillon explicitant toute l’importance de la place du sport scolaire dans le cursus des élèves, le SNEP/FSU souhaite qu’un Conseil Régional de l’UNSS extraordinaire soit réuni dans les plus brefs délais.

Autre point, la méthode utilisée pour imposer le changement de valence aux collègues de STI, avec une proposition faite par les IPR aux collègues, sans aucun contrôle que cette proposition soit correctement acheminée, et le fait qu’une non réponse vaut acceptation. Combien de collègues vont recevoir, peut être, un changement de discipline sans en avoir été informés ? A cela s’ajoute une nouvelle mesure vexatoire pour les collègues de STI leur demandant de s’auto-former en assistant aux cours des collèges de technologie collège, qui eux vont assurer de la formation à titre gratuit ?

Nous vous signalons également un grand retard pris, par rapport à d’autres académies, dans la mise en place et le fonctionnement des CHSCT A et D. Nous attendons toujours la mise en place des quelques mesures demandées lors du 1er CHSCT A (affichage des membres dans tous les établissements ; envoi du document sur la violence scolaire).

Enfin, la « nouvelle gouvernance » : nous avons pris connaissance d’un mail, adressé uniquement aux chefs d’établissement, appelant à expérimenter la fonction de secrétaire général administratif dans un établissement, avec des incidences sur la gestion des autres personnels de l’établissement, quels que soient leurs statuts ! Nous sommes totalement opposés à la création de ce nouveau statut qui mélange les genres, ainsi qu’à la « fongibilité complète des moyens de l’État » dont vous faites état dans ce message électronique. Cette initiative si elle était maintenue, serait pour nous un casus belli.