REPONSES AU PREMIER MINISTRE

REPONSES AU PREMIER MINISTRE

Le premier ministre se lance dans une coûteuse propagande pour tenter de justifier sa politique. Lettre creuse, qui joue moins sur la persuasion que sur la dramatisation, l'affirmation péremptoire et la dramatisation. Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition pour rectifier les faits, non pas asséner notre vérité, mais argumenter sur la base d'éléments précis. Notre meilleure réponse sera l'engagement dans des actions dures et décidées face à un gouvernement qui a refusé toute négociation. Le SNES maintient son appel à participer massivement aux actions nationales, notamment le 13, et à construire le plus tôt possible les conditions d'une grève reconductible. Partout les AG des personnels doivent en débattre.

 

Matignon le 7 mai 2003

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Pour chacun d'entre nous la retraite doit être une chance : celle d'une nouvelle vie qui commence. Elle l'est. Mais la vie doit elle commencer à 60, 65 ou 70 ans. Il vous la souhaite heureuse, mais surtout courte.

Mais, conçu il y a plus de 50 ans, notre système de retraite ne correspond plus à la réalité démographique actuelle et à venir. En 1960, quatre actifs finançaient la pension d'un retraité;(et pourtant les retraités étaient plus pauvres ;il y a donc d'autres éléments qui ont joué.)  en 2000, ils n'étaient plus que deux : en 2020. chaque actif devra subvenir aux besoins d'un retraité. Cela signifie que, si nous ne faisons rien aujourd'hui, dans moins de 20 ans, nos pensions seront réduites de moitié. Nos régimes fondés sur la solidarité entre les générations seront  alors condamnés. Faire une projection est toujours risqué, mais ne jouer que sur un paramètre, c'est piper les dés. Pourquoi ne pas écrire que dans le même temps, la croissance continuera, et donc la richesse globale du pays, et qu'augmentera également la productivité, chacun créant davantage de richesses. Est-ce pour éviter une autre question : serait-il possible de répartir autrement cette richesse, d'en faire profiter aussi les actifs, les retraités et les pensionnés ?

Le Gouvernement a prépare la réforme qui va sauver notre système de retraite : c'est la volonté du Président de la République et d'une large majorité des Français. Quand s'est-elle exprimé ? Les sondages montrent au contraire le renversement de la tendance. Raffarin annoncera-t-il un référendum ?

Je me suis engagé à vous dire la vérité : la solution, c est un effort partagé. Pas par tous : seuls sont appelés à l'effort les salariés, dont les cotisations augmenteront. Pour les fonctionnaires, qui n'ont pas de cotisations, c'est la masse salariale, les salaires qui sera mise à contribution.. C est tout le sens de la réforme. Grâce-à une harmonisation (dans la détérioration : 37.5 annuités dans le privé, ce serait seulement 0.3 % de PIB !)et un allongement progressifs (mais durable et intense : 42 annuités et décote pour ceux qui n'y parviennent pas, porté à 6 %) des durées de cotisations, nous préserverons le niveau  des pensions tout en obtenant : Faux ! Le but annoncé est de garantir au mieux des taux de 66 % et non de 75 %. Fillon annonce même qu'il faudra en plus cotiser davantage.

- plus de sécurité, en garantissant l'avenir de nos retraites; Mensonge : la retraite par répartition est menacée par l'obligation faite de souscrire à des assurances, fonds de pension, pour espérer maintenir les pouvoirs d'achat. Espoir vain, puisque les années passant, le décrochage sera de plus en plus grand avec l'indexation des pensions sur les prix et non sur les salaires des actifs. La décentralisation sera le moyen d'obliger des dizaines de milliers de fonctionnaires à cotiser dans des caisses de retraite, qui peuvent aboutir à des réductions quand le ratio actifs/ retraités devient déficitaire ; le cas de la caisse des mineurs, avec la diminution de la pension de reversion pour les veuves en est un bon exemple.

- plus de liberté, en permettant à ceux qui font le choix de travailler plus longtemps d'améliorer leur retraite. Cynisme ! Belle liberté que celle que l'on impose. La majorité des enseignants partent sans atteindre les 37.5 annuités. Qu'en sera t il avec 42 annuités ?  Il ne s'agira pas d'améliorer mais de préserver au mieux .

- plus de solidarité, envers  ceux dont les montants de retraite sont les plus faibles. Mensonge, les pensions n'atteindront plus 81 % du SMIC, mais seulement 75 %. La solidarité ne s'applique qu'aux travailleurs, en ponctionnant les revenus et en ponctionnant retraites et pensions.

Cette réforme est juste. Elle s inscrit dans le respect des valeurs auxquelles nous croyons et auxquelles nous sommes tous attachés. Valeurs du libéralisme et de l'individualisation en poussant à la capitalisation, chacun devant épargner pour garantir sa fin de vie ? Aucune annonce sur un autre élément fort de solidarité, qui pèserait sur les retraites, le droit à l'emploi, ou sur le droit au travail des femmes.

Le Conseil des ministres va examiner aujourd'hui les orientations retenues au terme d'une concertation- et non négociation, tout ayant été imposé- de plus de trois mois avec l'ensemble des organisations syndicales et patronales. Le 28 mai, après avoir reçu 1' ensemble des avis nécessaires,- pour nous le 13, par exemple-  le projet de loi sera soumis au Conseil des ministres. J'informerai chacun d'entre vous de son contenu détaillé. Le débat parlementaire qui s'ouvrira en juin doit permettre  l'adoption définitive de la loi avant les vacances d'été. C'est le calendrier de nos actions à venir. Ajoutons une manifestation à Sin le Noble 18h le 9, une grève et des établissements morts le 13, une manifestation le 25. Il nous faut un autre temps fort entre le 13 et le 25. Il faut réunir les AG et décider le plus grand nombre à se lancer dans la grève reconductible.

Je crois en une France solidaire qui permet à chacun de vivre une retraite digne et sereine avec 75 % du Smic ? Et à quel âge ?grâce aux efforts et au travail de tous. Pas de tous ! L'effort porte sur les seuls salariés. Rien n'est proposé pour réformer la fiscalité, pour faire porter l'effort sur d'autres revenus que ceux du travail.

Je sais qu'ensemble, nous réussirons cette réforme nécessaire pour l'avenir des Français.

                                   Avec confiance

                                                           Le Premier ministre.