10 novembre 2011

Le Snes-FSU dans l’Académie

Conseil syndical du 10/11/2011 : Constats de rentrée

Se soumettant volontairement aux « attentes » supposées des marchés et des agences de notation, au lieu de prendre des mesures qui permettraient de les museler, et au nom de la sauvegarde de l’euro et du remboursement de la dette, le gouvernement a lancé un énième plan d’austérité le 7 novembre, n’hésitant pas à recourir à la démagogie la plus cynique en annonçant le gel des salaires des ministres et du président, après cependant que ce dernier a pris la précaution de s’augmenter de 172 % au début du quinquennat.

Sans surprise, les autres mesures touchent encore essentiellement les classes défavorisées et moyennes (retraite, TVA ….). La rigueur continue à être le prétexte justifiant la poursuite des coupes budgétaires, des suppressions de postes , des pires déréglementations et de la destruction systématique de l’ensemble des Services Publics. Cette politique est parfaitement injuste et inefficace. Injuste, car il s’agit de faire payer aux classes les moins favorisées la facture d’une « crise » qui n’est jamais que celle des banques et de la spéculation, à la fois en coupant dans leurs revenus et en les privant des biens collectifs qui font partie de leur richesse. Inefficace, car comme même les économistes les plus modérés, voire certains libéraux, le reconnaissent, les politiques d’austérité ne feront qu’aggraver les « problèmes » de déficit, en provoquant une récession qui laminera les rentrées fiscales, et fera exploser le chômage et la pauvreté (donc... les dépenses publiques, sauf à pousser toujours plus loin les restrictions des dépenses en faveur des plus défavorisés). Cette politique est aussi cohérente avec les dogmes libéraux de la construction européenne : l’UE est la seule zone économique au monde qui, non seulement fixe des règles absurdes en matière de politique budgétaire (critères du pacte de stabilité, règle d’or), mais qui interdise à sa banque centrale, au nom de principes archaïques, d’acheter les titres de dette publique des États, alors qu’on sait que cela réglerait très vite les attaques spéculatives contre les dettes « souveraines ». La hausse inévitable du chômage, en conséquence de ces politiques libérales, « justifiera », aux yeux de la Commission européenne, d’autres politiques libérales comme « solutions », fondées sur une plus grande « flexibilité du marché du travail ». Les pressions exercées sur le gouvernement grec pour qu’il continue à ignorer la volonté de son peuple traduisent enfin la dimension profondément anti-démocratique du fonctionnement actuel de l’UE.
Toutes les politiques suivies en France, dans le cadre européen, sont au service du capital et de ses détenteurs, et frappent quasi-exclusivement le travail, les classes populaires et les classes moyennes. Il est non seulement possible et souhaitable, mais urgent, de rompre avec ces politiques.

En France, côté Education nationale, la rentrée 2011 dans l’académie est conforme à nos prévisions les plus pessimistes :

 des remplacements difficilement assurés, y compris pour des congés prévus, avec les dégradations qui en résultent pour les non – titulaires et les TZR envoyés sur les remplacements (utilisation hors discipline, hors zone, sur plusieurs établissements, sur des postes CLAIR qui sont restés vacants pour 1/3 d’entre eux suite au mouvement ….), ainsi que pour les personnels à remplacer.

 des effectifs qui explosent (moyenne académique supérieure à 32 élèves en 2de, des moyennes en collège conformes à la moyenne nationale alors qu’un tiers des établissements est en ZEP, …).

 une offre de formation qui se réduit comme une peau de chagrin

 des stagiaires à temps plein et contraints d’assister en plus de leurs heures de cours à une formation dispensée toute la journée du mercredisans même une compensation financière !

 des AED retirés des établissements et dont l’absence se fait ressentir depuis la rentrée.

 des salaires qui diminuent (gel du point d’indice + conséquence de la réforme des retraites).

 Des contrats d’objectifs et de moyens que le rectorat pousse à faire passer par les chefs d’établissement d’ici la fin de l’année civile. Le conseil syndical continue à les dénoncer et appelle à voter contre en CA.

 un rectorat qui rogne des moyens partout : structures modifiées en juillet – août pour gagner des demi-classes et donc des moyens (y compris avec des effectifs de 30 élèves), majoration des services quand un enseignant dispense plus de 8 h de cours devant moins de 20 élèves (même en TP ou TD, contrairement aux règles et aux textes existant depuis 1950).

Sur ce dernier point, le CTPA du 7 novembre a été symptomatique du mépris rectoral qui tient lieu de dialogue social depuis des mois.

Plus de 6 h de débats pour aboutir à la sempiternelle justification de la rectrice et du secrétaire général : pour eux la mesure imposée est une mesure …. d’équité ! Ce même rectorat qui expliquait dans sa circulaire rectorale de rentrée 2010 à destination des chefs d’établissement que les heures en groupes ne devaient pas être comptabilisées dans le décompte pour majoration, explique maintenant qu’il ne fait qu’appliquer le droit en généralisant (« harmonisant ») les pratiques jusqu’ici contraires à ses préconisations ! 117 postes récupérés ainsi (et une prime annuelle de 22 000 euros pour la rectrice) mais aussi un coup de boutoir dans la définition du statut des personnels et la mise en place de règles locales constituent en réalité les véritables et seules motivations de l’administration. Et ceux qui entendent protester contre cette nouvelle attaque en refusant les activités bénévoles sont taxés de preneurs d’otages par la même rectrice …. on croit rêver !

Le CTPA a été aussi l’occasion pour le rectorat de faire des annonces catastrophiques sur la rentrée 2012 : une « erreur » dans les prévisions d’effectifs 2011-2012 de 2000 élèves comptabilisés en trop aurait conduit selon le ministère à … surdoter l’académie de Lille. Quid des 600 élèves au moins qui n’ont pas eu de solution dans le cadre de la formation initiale publique ? Pas un mot...Et comme environ 2000 nouveaux élèves en moins sont prévus pour septembre 2012, la rectrice et le secrétaire général prévoient une dotation académique encore diminuée … Seraient aussi remis en cause les barèmes pour le mouvement 2011 puisque certains postes pourront être attribués hors barème et sur dossier du candidat.

Nationalement, la réforme des bacs STMG et ST2S ne déroge pas à la règle qui a prévalu à l’élaboration des réformes actuelles : moins de cours, moins de moyens et déréglementations à tous les niveaux au détriment de la formation des élèves, une nouvelle remise en cause de la démocratisation de l’école publique par la destruction de la voie technologique.
Les dossiers sur les rythmes scolaires, les statuts, l’évaluation des personnels … devraient être ouverts d’ici quelques mois au plus tard. D’ores et déjà, des voix d’hommes politiques de la majorité commencent à se faire entendre pour dénigrer le temps de travail enseignant, prélude sans doute d’une offensive générale contre les fonctionnaires et les services publics.

Le projet UMP est, lui, sans ambiguïté et dépasse largement la question du temps de travail en proposant ni plus ni moins la création d’un nouveau statut et même d’un nouveau corps, le renforcement de l’autonomie des établissements en permettant le recrutement local par les chefs d’établissement. Au delà de l’enseignement, le démontage des acquis de la Libération (Sécurité Sociale, nationalisations, statuts, conventions collectives, etc …) s’accélère et s’aggrave.

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