Les stagiaires de Lille au pays des Bisounours ?

C’est la question que doivent se poser les stagiaires jetés à plein temps depuis la rentrée devant des classes quand ils entendent le discours officiel. Le rectorat continue en effet dans la méthode Coué et nie toute difficulté. Mais le « tout va bien, je vais bien » de la rectrice ne passe pas non plus avec eux, pourtant néophytes dans le métier et sous la pression de leur titularisation : ils ont su lui réserver un accueil houleux lors des 2 journées d’accueil fin août. Bravo à eux !

L’audience du 6 octobre accordée par le rectorat au SNES n’a guère fait avancer les choses … mais nous réserve des moments d’anthologie sur la conception que peut avoir notre administration rectorale sur nos métiers !

SNES : Rappel de ce qui s’est passé pendant les vacances : les stagiaires ont été informés de leur arrivée dans l’académie le 2 août, ils devaient saisir des vœux du 4 au 10 août, le standard du rectorat répondait aux stagiaires que rien n’était ouvert avant le 16 alors qu’une permanence était ouverte les 9 et 10 (pb de communication interne). Effet de panique chez les lauréats des concours, d’autant que la saisie des vœux n’allait pas de soi !

Réponse du rectorat (audience du 6/10 + GT barèmes du 8/10) : il n’y a pas eu de panique chez les stagiaires, nous étions là pour leur répondre (et il y avait le portail internet où tout était expliqué). Par ailleurs, pourquoi un fonctionnaire stagiaire (censé savoir lire) aurait-il à appeler avant les dates indiquées sur le courrier reçu ? Et de toute façon, le barème n’étant pas statutaire, le rectorat était libre d’affecter selon les besoins du service. Les retards d’affectation ne concernent que physique chimie, Italien et Lettres modernes, mais nous avions contacté les stagiaires pour ne pas qu’ils s’inquiètent.

(commentaire : et pour les aider à déménager et préparer des cours ? L’affectation a eu lieu à partir du 24. Les derniers à connaître leur affectation ont été prévenus 2 jour avant la pré-rentrée, voire la veille ! Il s’agissait des plus petits barèmes, donc de ceux venant d’une autre académie et obligés de chercher un logement !)

SNES : des pressions inadmissibles ont été faites sur les tuteurs potentiels par l’inspection et le rectorat (qui refuse même de payer des heures supplémentaires effectuées en raison du refus d’être tuteur comme nous l’avions dénoncé en juillet)

Le rectorat ne veut reconnaître aucune pression exercée sur les collègues pour qu’ils deviennent tuteurs (la suite de l’audience nous révèle qu’il a été très difficile d’en trouver). La rectrice estime inadmissible de refuser d’être tuteur et d’en même temps s’afficher comme collègue ou solidaire avec les stagiaires ; elle refuse de comprendre que notre refus est avant tout le refus des conditions inacceptables dans lesquelles elle plonge un étudiant venant de réussir un concours exigeant, refus également d’être le seul évaluateur (avec le chef d’établissement !) avant la titularisation du stagiaire (jusque l’an dernier, la validation reposait sur un avis collégial rendu par le maître de stage, celui du stage de pratique accompagnée, les formateurs et les 2 visiteurs).

Sur la question des heures supplémentaires qui ne seront pas payées, le rectorat se réfugie derrière le fait que l’autorisation de cumul n’a pas été demandée et obtenue avant de faire les heures. Il nous a été expliqué qu’un collègue ne doit pas commencer à effectuer des heures en dehors de son service dans l’établissement sans autorisation rectorale.

SNES : On nous fait état de recrutement de tuteurs qui ne sont pas dans la même discipline (en Italien ou encore couplage lettres – anglais)

Rectorat : où est le problème ? Les inspecteurs ont été consultés et ont donné leur aval. On demande juste aux tuteurs de faire de la pédagogie avec les stagiaires (sic ! Où l’on apprend que la pédagogie est déconnectée des contenus à enseigner). Et puis lettres et anglais, ce sont des langues ….

SNES : et pour les TZR de physique affectés sur le service en maths d’un stagiaire de maths ?

Rectorat : voir paragraphe sur l’utilisation des TZR hors discipline … Il vaut le détour ! La question se pose d’avoir encore des discussions avec des personnes qui ignorent tout de la réalité du métier de prof et qui méprisent à ce point nos enseignements. 

SNES : 5 semaines après la rentrée, quel bilan peut-on tirer pour les stagiaires ?

Combien de démissions ?

4 contre 11 l’an dernier à même époque (pas d’infos sur les reports de stage obtenus à la dernière minute (au moins 2), ni sur les arrêts maladie)

Combien de stagiaires en difficulté repérés ? Quel dispositif de remédiation est prévu ? Comment se passera la validation de façon générale ?

Une première liste de stagiaires repérés va être finalisée rapidement. Pour tous, 2 avis écrits serviront à la titularisation, l’un porté par le tuteur, l’autre par le chef d’établissement. En cas de doute ou de divergence, un 3^e avis sera rendu par l’IPR

Les stagiaires peuvent ils toucher des HS ? être Professeur principal ? 2 cas signalés

C’est déconseillé par le rectorat, un seul stagiaire aurait une heure sup (plusieurs établissements ont revu les services suite à l’intervention du rectorat), mais rien ne l’interdit formellement (au moins pour la charge de prof principal, pour les heures sup le BO du 1^er avril 2010 indique que « Cette ORS constitue un maximum. Dans le second degré, il ne sera pas possible de la compléter par des heures supplémentaires à seule fin d’aligner temps de service et répartition des heures de cours. »).
Le rectorat ne veut pas reconnaître qu’un stagiaire peut difficilement dire non à un chef d’établissement insistant, d’autant que ce chef d’établissement aura un poids considérable pour la titularisation.

SNES : En lien avec la réforme de la formation, la situation des non titulaires (cf courrier envoyé par l’Intersyndicale). Des contractuels sont recrutés pour un contrat allant jusqu’au 23/10 alors que le remplacement est à effectuer sur l’année (le rectorat espère les remplacer par des TZR au retour des vacances).

Rectorat : sans la réforme de la formation, ces non-titulaires n’auraient pas été réemployés (hé oui, les TZR auraient été affectés à leur place !!!). Si des contrats devaient être prolongés après les vacances, nous ne voyons pas la nécessité de refaire des contrats sur l’année, ils débuteront début novembre après la coupure des vacances.