Devant les dégradations sans précédents que connaît le 2d degré en cette rentrée 2010, le SNES a pris ses responsabilités de syndicat majoritaire en appelant à une grève dès le 6 septembre, en complément de la grève interprofessionnelle sur la question des retraites, de l’emploi et des salaires du 7 septembre. La couverture médiatique qui en a résulté a permis de mettre en exergue les conditions exécrables dans lesquelles la rentrée a eu lieu dans l’académie et de contrecarrer les discours officiels sur la mise en place de réformes que nous contestons.

Bilan de la rentrée dans l’académie

L’académie de Lille connaît une hausse de ses effectifs élèves à la rentrée 2010 (+ 517) et pourtant, les suppressions de postes se poursuivent par centaines (646 pour cette rentrée). Les conséquences ne se sont pas fait attendre : sureffectifs dans les classes (y compris en ZEP), personnels non remplacés ou remplacés par un enseignant d’une autre discipline, envoi massif de TZR à l’année sur zone limitrophe, contractuel auquel on ne propose que des vacations de quelques heures, AED qui doit rediscuter tous les ans la reconduction de son contrat, titulaire victime d’une suppression de poste et mal réaffecté....

La rentrée 2010 dans l’académie se caractérise aussi par un regain de mépris à l’égard des personnels et de leur travail. Chaque jour parviennent à la permanence du S3 des témoignages accablants : stagiaires informés très tardivement de leur affectation, baladés d’un établissement à un autre, enseignants harcelés par l’inspection ou le chef d’établissement pour leur imposer la tâche de tuteur en utilisant toute la palette allant de la flatterie à la menace à peine voilée, en passant par la culpabilisation, TZR dont l’affectation est supprimée à la dernière minute pour être placés à la fois sur le service du stagiaire et du tuteur sans autres directives, etc ...

Les discours satisfaits de la rectrice sur la rentrée, réussie selon elle, n’en sont que plus insupportables, et les objectifs de performance qu’elle entend fixer par des contrats signés entre l’établissement et le rectorat peuvent être aisément décryptés dans les établissements : l’ « efficacité rectorale » se mesure aux suppressions de postes réalisées chaque année, voire aux fusions et même aux suppressions d’établissements jugés peu « rentables », et au caporalisme décliné sous toutes ses formes (le vocabulaire de l’EN ne cesse de s’enrichir dans ce domaine : « conseil pédagogique » dont la composition est à redéfinir tous les ans en CA, « référents » culture / orientation / remplacement désignés dans les établissements sur quels critères ? Sur quelles missions ? …). Par ailleurs, ne raisonner qu’en termes de moyennes de profs/élèves en omettant des paramètres comme la proportion d’établissements éducation prioritaire bénéficiant théoriquement de meilleurs taux d’encadrement, est une aberration !

Il est impératif que les S1 fassent respecter les textes réglementaires sur le rôle du CA, les statuts et la liberté pédagogique (cf stage élus en CA du 19 octobre).

L’enjeu de la réussite de tous les élèves et la question de l’Education prioritaire sont ignorés par les réformes ministérielles, le gouvernement se contentant de les instrumentaliser à travers des dispositifs qu’il nous faut analyser avec les personnels pour les combattre efficacement :
  Dispositif CLAIR (voir paragraphe)
  Internats d’excellence (ex à Douai)
Est-ce un constat d’échec du dispositif Ambition réussite ? Ce dernier est-il d’ailleurs soumis à évaluation ?

Dispositif stagiaires / pressions sur les tuteurs

Le conseil syndical assure de son soutien tous les personnels qui continuent à refuser d’être tuteur d’un stagiaire à temps plein. Il mandate le secrétariat pour interpeller l’inspection pédagogique sur les modalités de mise en stage selon les disciplines et les consignes données aux tuteurs, et surtout sur les tentatives de pression qu’elle a fait subir depuis des semaines pour imposer une mission qui ne peut l’être selon les textes en vigueur.
Tout doit être fait par ailleurs pour soutenir nos jeunes collègues qui subissent cette réforme, ainsi que pour continuer à dénoncer une entrée dans le métier aberrante et pour obtenir une véritable formation professionnalisante.

Syndicalisme

Le jeudi 20 octobre 2011 auront lieu les élections aux CT et aux CAP. La CGT Educ’action a envoyé un courrier sur la mise en place de listes communes. Pour mettre en œuvre le mandat que le SNES et la FSU se sont fixés lors de leurs derniers congrès nationaux et en vue d’aboutir à la construction d’un nouvel outil syndical, le conseil syndical y est favorable, sur une base revendicative claire et connue de tous, dans la poursuite des actions menées ensemble dans les luttes. Il demande aux S1 d’examiner la demande de la CGT et de se prononcer, et dans les cas où cela est possible, de mettre en place des listes communes aux conseils d’administration. D’ores et déjà, il demande au CN d’informer l’ensemble des syndiqués sur cette proposition pour qu’un débat soit largement mené dans les semaines qui viennent.

Suites de l‘action

Pour le SNES, la réussite des mobilisations depuis 6 mois a exprimé le refus très clair des projets Woerth - Sarkozy sur les retraites. Le gouvernement a choisi de mener au pas de charge le débat parlementaire pour tenter d’empêcher la contestation. Les organisations syndicales doivent répondre par des actions de grande ampleur, rapprochées, y compris par un appel à la grève générale, et ne pas tomber dans le piège d’un gouvernement qui tente de désamorcer le conflit par quelques aménagements ponctuels, provisoires et à la marge (pénibilité, retraite des mères de famille). La FSU doit continuer d’ exiger le retrait du projet de loi Woerth – Sarkozy et rappeler son mandat de 37.5 ans pour tous, avec une retraite à taux plein à 60 ans : de nouvelles et véritables négociations sur les financements et moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs, pour une réforme des retraites juste, doivent donc s’ouvrir immédiatement.

Le conseil syndical du SNES appelle donc l’Intersyndicale interprofessionnelle à annoncer des suites rapides aux grèves des 6 et 7 septembre sous la forme d’une nouvelle grève et d’une manifestation nationale intervenant en septembre. En tout état de cause, l’Euromanifestation du 29 septembre ne constitue pas la suite suffisante à laquelle nous aspirons.

L’urgence d’une action déterminée contre la réforme Woerth des retraites ne doit pas occulter l’urgence toute aussi patente de faire barrage au projet de loi de finances 2011 qui doit acter – dès cet automne – les réductions budgétaires et les suppressions de postes à venir.