Déclaration SNES-SNEP-SNESUP-FSU pour la CAPA du jeudi 3 juin 2010

Madame le Recteur, Mesdames, Messieurs,

Le ministre Luc Châtel affiche clairement ses objectifs pour la période 2011-2013 dans un courrier réservé aux seuls recteurs. Ces derniers ne seront pas surpris des orientations gouvernementales qu’ils connaissent et mettent en œuvre depuis plusieurs années. Mais les usagers du service public d’éducation, les personnels, comme certainement une très grande majorité des habitants de ce pays, sont confrontés pour la première fois à l’argumentation et aux consignes ministérielles de façon brutale : le cynisme n’a pu être atténué par les précautions habituellement prises pour communiquer publiquement sur la politique gouvernementale ! Le cynisme est si manifeste que même la presse la plus modérée s’en émeut !

Le ministre Châtel martèle son credo : il faut continuer à réduire l’emploi. L’objectif à atteindre pour le budget 2011 est la suppression de 16000 postes dans l’Education Nationale ! Un secret de polichinelle est levé ! Chaque recteur a reçu des petites fiches avec des conseils et des TP ! Chaque académie va devoir décliner l’ensemble des leviers à actionner pour obtenir les gains en emplois demandés. Qu’en sera-t-il pour l’académie de Lille ?

Depuis l’annonce de la réforme du lycée, la FSU avait dénoncé une manœuvre pour casser l’emploi. Certains ont préféré ne débattre que des questions pédagogiques comme si la « Réforme » se faisait en dehors des réalités d’une politique de droite, conservatrice et avide de casser le service public. Par quel « miracle » l’Education Nationale aurait-elle été épargnée ?
Je cite le ministre : « Il s’agit pour l’académie de rechercher les gains potentiels liés aux conditions de mise en œuvre de la réforme du lycée, notamment à la rentrée 2011 qui sera déterminante pour le dimensionnement de l’offre scolaire par la suite. » Ainsi l’objectif clairement affiché est une baisse de l’offre de formations dans les établissements, une augmentation significative du nombre d’élèves par classe, le ministère estimant, je cite toujours, qu’ « il n’est pas démontré que la taille des classes ait un effet probant sur la réussite des élèves ». Mais si le taux d’encadrement ne compte pas, pourquoi les internats d’excellence prévoient-ils des classes aux effectifs très faibles ? Des études solides ont pourtant montré l’importance de la taille de la classe, notamment pour les élèves de milieux défavorisés : on peut citer l’étude de Thomas Piketty, par exemple. Mais peut-être le ministère oublie-t-il que les classes ne comportent pas uniquement des élèves de milieux socialement favorisés ?
En tous cas, l’argument avancé par le ministre – 13 mesures qui ne dégraderaient pas le niveau de réussite actuel – révèle aussi que les objectifs affichés officiellement par les ministères Darcos, puis Chatel pour accompagner leurs réformes successives, ne sont bien que des effets d’annonce destinés à masquer la réalité de la politique régressive à l’œuvre ! La « croisade contre l’illettrisme et les sorties sans diplômes », l’ « accompagnement personnalisé », une meilleure « maîtrise » des langues vivantes par un plus grand nombre de jeunes Français... voilà quelques exemples de ces promesses qui n’engageaient vraiment que celles et ceux qui ont voulu y croire...
Une autre fiche du ministère appelle une nouvelle fois à l’optimisation du remplacement, ce qui, pour lui, implique de recourir à un nombre croissant de personnels précaires et de diminuer les moyens en emplois alloués à cette tâche alors même qu’ils font déjà cruellement défaut, notamment dans notre académie avec des conditions d’exercice de plus en plus difficiles pour les TZR. Que va-t-on imposer de plus à ces derniers ?
La capacité de remplacement va déjà être mise à rude épreuve dès les six premières semaines de la rentrée avec la mobilisation des TZR pour pallier l’absence de tuteurs et de stagiaires lors de la mise en place du nouveau dispositif de formation des néo recrutés. Quel mépris pour les élèves, pour les enseignants stagiaires, pour les tuteurs, pour les TZR, pour les étudiants de M2 !

Avec l’emploi et les salaires, le thème des retraites est un sujet brûlant dans les salles des professeurs, ces derniers se trouvant, comme les autres salariés du public et du privé, confrontés au projet de régression des retraites dévoilé par bribes par un gouvernement qui manœuvre . Nous réfutons une argumentation qui soumet le droit à la retraite à une évolution démographique qu’elle instrumentalise. Nous voulons que la question du financement des retraites soit posée avec l’ambition de garantir un vrai droit social dans ce domaine ; cela exige de la poser avec celle de l’emploi et des salaires, pour renforcer le système par répartition ; cela exige de la poser avec celle de la redistribution des richesses produites quand une partie très importante des revenus échappe à toute contribution. Aussi, nous continuons, avec la FSU, à revendiquer une retraite à taux plein à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisation et 75% du dernier salaire en avançant les moyens de la financer.

Ce sujet nous conduit à l’objet de cette CAPA, qui soulève plusieurs points sensibles de la carrière des enseignants et des conditions d’exercice du métier.

La FSU dénonce la diminution du nombre de mois de congé formation accordé pour les personnels de l’Education Nationale. Dans notre académie, pour les agrégés, le contingent passe de 42 mois l’an dernier à 36 mois cette année pour chaque catégorie (plus ou moins de 10 ans d’ancienneté), ce qui ne permettra qu’à 9 collègues environ de pouvoir profiter d’un congé formation contre 13 l’an dernier, ceci sans prendre en compte le supérieur pour lequel nous n’avons aucune information du nombre de mois attribué. Pour la FSU, il est important de conserver la différenciation entre plus et moins de 10 ans d’ancienneté et de garder en premier critère le nombre de candidatures exprimées. Ceci permet aux collègues d’avoir une stratégie de formation à moyen terme, en toute lisibilité.

La FSU dénonce à nouveau la disparition des congés de mobilité et la quasi-impossibilité d’entamer une seconde carrière pourtant promise par le gouvernement.

Concernant les postes adaptés (PACD/PALD), les moyens dans l’académie sont faibles et ne permettent pas à tous les collègues candidats qui remplissent les conditions de pouvoir bénéficier de ces postes. Notamment les PALD sont en nombre très insuffisants : qu’adviendra-t-il des collègues ne pouvant rejoindre au bout des 3 ans de PACD un poste en présentiel à temps plein, que ces collègues soient en situation de handicap ou non ? La médicalisation et la mise à la retraite pour invalidité ne sont pas une solution satisfaisante.

Nous tenons à remercier les services pour leur disponibilité lors de la consultation des dossiers et nous espérons que le paritarisme pourra s’exercer pleinement dans cette CAPA, contrairement à ce qui s’est passé lors de la dernière CAPA des certifiés.