DECLARATION FSU DU 22 MARS 2010

Le CTPA qui se tient aujourd’hui doit traiter de la préparation de rentrée 2010 dans les lycées, à la veille d’une grève nationale interprofessionnelle, faisant suite à une grève nationale 2d degré qui a montré l’exaspération des personnels dans l’académie : des établissements, lycées comme collèges, ont fait grève à plus de 80 % ; certains continuent à mobiliser, et leur mobilisation est symptomatique : il ne s’agit pas seulement de lutter contre des suppressions de postes d’autant plus insupportables qu’elles s’accompagnent d’une explosion des heures sup (environ 14 % des dotations), il s’agit également de combattre l’esprit de réformes idéologiquement contestables et imposées dans le but de répondre au dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Il n’est pas anodin que ce soient des lycées comme Fénelon Lille ou Châtelet Douai qui soient actuellement à la pointe de l’action, avec le soutien de la FCPE et même de la PEEP. Peu à peu, nos collègues, les élèves, leurs parents comprennent les tenants et aboutissants de la réforme des lycées, de l’appauvrissement culturel qui va en résulter et des choix idéologiques qui y sont liés, tout comme ceux de la réforme de la « formation » des maîtres. La tension monte et nous n’excluons pas un mouvement qui s’inscrive dans la durée, y compris pendant la période des examens.

Aujourd’hui, c’est la situation des lycées qui nous intéresse. Le GT préparatoire s’est tenu dans des conditions difficiles : TRMD encore non remontés pour 7 établissements, heures sup non réparties entre disciplines ou assimilées à un magot caché dans la ligne « provençal » ou « arménien », établissements utilisant plus que le nombre d’heures postes qui leur est alloué, anticipant des décharges qui n’arriveront peut-être jamais, etc … Pour les décharges syndicales notamment, nous vous demandons de toutes les transformer en HP dans les établissements et pas uniquement celles qui porteraient sur un demi service (cela ne concerne que 2 militants SNES). Bref, il a été impossible de travailler, nos collègues vont encore rester dans l’incertitude sur leur avenir car la réunion d’aujourd’hui ne nous apportera guère de réponses, tout au moins vous n’en donnerez pas dans le cadre de ce CTPA, les informations seront dispensées au compte-goutte, après coup, quand il ne sera plus possible de réagir de façon paritaire. Ce n’est pas la bonne volonté ou l’investissement des services de la DOS que nous mettons en cause, mais bien la volonté politique et le cadre qui nous sont imposés, à eux comme à nous. Il est évident que la rentrée n’est pas possible avec la dotation donnée à l’académie, et on aura beau jouer la montre pour essayer de faire accepter les heures sup aux personnels, les volumes seront tels à la rentrée qu’ils seront impossibles à assumer (il n’est pas rare de compter 5 ou 6 heures sup par collègue), surtout que la réforme des lycées aura augmenté en plus le nombre de classes prises en charge dans le cadre de l’obligation réglementaire de service. Il est évident aussi que la réforme des EPLE a tenté de remettre en cause la démocratie dans les établissements en empêchant le débat interne et l’élaboration de contre-propositions, et qu’elle a compliqué la tâche de tous en multipliant les réunions et en impliquant des remontées tardives. Nous vous demandons de faire remonter au ministère ces difficultés afin que le décret EPLE soit abrogé.

Puisque le CTPA doit traiter de l’implantation en établissement des stagiaires, nous aimerions connaitre l’auteur de la dénomination de « berceaux ». Un tel cynisme mérite en effet d’être salué. Ainsi se maintient l’infantilisation des lauréats aux concours qui seront affectés à plein temps, puis retirés quelques semaines en cours d’année pour les former, remplacés (peut-être) par d’hypothétiques TZR, plus sûrement par des étudiants, voire des retraités. Cette idée est tellement invraisemblable qu’il fallait un gouvernement voulant détruire le service public pour l’inventer.
Cette réforme qui nie la nécessité d’avoir une formation professionnelle de qualité, c’est du mépris pour nous qui avons à former quotidiennement des élèves, c’est du mépris pour ces mêmes élèves qui auront face à eux en un an 3 enseignants différents et sans doute inexpérimentés que vous condamnez à des débuts extrêmement difficiles, au risque d’un échec final voire à une issue fatale sur un plan professionnel. Qui aura dorénavant envie de devenir enseignant ou CPE dans ces conditions ?
C’est aussi une indifférence inadmissible vis-à-vis des collègues qui verront encore s’éloigner des possibilités de mutation. Et puisque ces collègues sont considérés comme des moyens à temps plein, nous demandons que leur affectation fasse l’objet d’un même traitement paritaire que celui des personnels titulaires.
En développant l’amertume des enseignants, en détournant les étudiants de leur vocation, en prenant le risque d’une nouvelle crise du recrutement, en cassant la formation, le ministère prend une responsabilité lourde vis-à-vis de l’avenir. Vous aurez réussi en peu de temps à développer le malaise enseignant, cela n’aura pas été facile, mais vous y aurez mis les moyens.

Enfin, vous nous avez annoncé un redéploiement des CPE. Le mouvement intra commence le 26 mars : imaginez vous vraiment annoncer 2 ou 3 jours avant au mieux à ces collègues qu’ils vont perdre leur poste alors que rien ne les y préparait ? Nous vous demandons de différer vos décisions à l’année prochaine.

Pour terminer, nous voulions vous faire part d’une situation qui nous a profondément choqués : vendredi 12 mars dernier, un IPR de mathématiques a maintenu une inspection d’une stagiaire et d’une TZR dans un établissement majoritairement gréviste qui faisait en plus l’objet d’une opération « lycée mort ». Nous ne connaissons pas ces collègues, mais il nous semble qu’il s’agit d’une première. Nous souhaitons qu’un rappel déontologique soit fait pour que de telles situations ne se reproduisent pas : quelle valeur a en effet une inspection réalisée ainsi, alors que les enseignants étaient dans l’incertitude de savoir s’ils auraient des élèves ou non, et dans quelles dispositions seraient ces élèves ? Cela nous paraît d’autant plus grave qu’une validation de stage est en jeu.