Faut-il une élévation du niveau de recrutement ?

La réponse est oui, d’abord parce que nous sommes cadres A, concepteurs de nos métiers, et que se contenter du niveau licence, c’est se contenter du diplôme « de base » depuis la réforme LMD (d’autres professions ont su faire cette transition et bénéficier d’une revalorisation indiciaire). Ensuite, parce que du niveau de recrutement dépendent nos salaires : les COP savent que leur stage en 2 ans post-concours et leur donnant un DESS, n’est d’aucune utilité en terme salarial, ils n’ont même pas de hors classe. C’est donc bien au moment du recrutement que tout se joue. Enfin, recruter à bac + 5, c’est reconnaître la situation réelle des stagiaires : une grande majorité (70 % à Lille), dispose d’une maîtrise ou M1 auquel on peut ajouter l’année de concours à haut niveau universitaire.

Faut-il accepter la masterisation du ministère ?

La réponse est non ! La réforme est imposée sans concertation, sans réflexion sur l’ensemble du cursus universitaire, sur le lien entre concours et maquette du master. Une élévation du niveau de recrutement ne peut pas non plus se faire en organisant pendant la même période un M2, des stages et un concours, sauf à vouloir les vider de leurs substances et remettre en cause ensuite nos statuts.

Sur quoi le SNES doit-il se montrer intransigeant ?

Il faut :

 exiger l’augmentation nécessaire du nombre de postes aux concours et ne pas accepter un master qui enferme l’étudiant dans les carrières enseignantes (et crée un vivier de précaires).
 maintenir un vrai concours (et pas un entretien d’embauche), qui laisse assez de temps pour avoir le recul nécessaire sur son futur métier et sa discipline (réduire le concours à quelques mois n’aurait pas de sens). Il faut en même temps réfléchir avec les universitaires sur les contenus / épreuves pour leur donner plus de lien avec les métiers préparés.
 l’Etat recruteur ne peut ni se défausser sur les universités pour assurer la formation professionnelle, ni en profiter pour s’assurer une main d’œuvre à bon prix (cf les stages en responsabilité rémunérés) : il faut le retour à un stage correspondant au plus au 1/3 de l’horaire statutaire et le maintien d’un IUFM ou équivalent, avec des personnels diversifiés, recrutés selon des critères clairs !
 Enfin, pour assurer la démocratisation de l’accès aux concours à laquelle nous aspirons tous, il faut des bourses sur critères sociaux, des pré-recrutements sur critères universitaires et, pourquoi pas, un retour à une forme d’IPES.

Karine Boulonne