7 novembre 2008

Le Snes-FSU dans l’Académie

CTPA du 7 novembre 2008 : Un bilan du mouvement inquiétant, des perspectives qui ne le sont pas moins

Bilan mouvement 2008

Un même constat peut être fait pour le mouvement inter comme pour le mouvement intra : la diminution du nombre de participants volontaires et du taux de satisfaction.

A l’inter, cela fait maintenant longtemps que Lille n’est plus une académie d’extension, il est loin le temps où la pire des catastrophes envisagées étaient une nomination à Hénin Liétard ! Pour les stagiaires qui souhaiteraient y rester, elle est même devenue une sorte d’eldorado aux barres d’entrées en constante augmentation.

En 10 ans de mouvement déconcentré, les capacités d’accueil sont en effet passées de 1110 à moins de 200 ; dans certaines disciplines, comme en maths, il faut être en situation de rapprochement de conjoint après une séparation d’un an pour avoir le nombre de points nécessaires ; en technologie, une situation familiale avec plusieurs enfants ne suffit pas, ce qui provoque le désespoir de familles séparées depuis des années et qui n’atteindront jamais les 900 points de la barre d’entrée. Et pourtant … il restait des postes vacants fin juin (6 en maths, 36 en techno) !!!

Ce paradoxe reste incompréhensible pour nous comme pour les collègues : où est le surnombre de fonctionnaires / professeurs qui nous vaut une nouvelle annonce de suppressions de postes pour la rentrée 2009 ? Comment sont établies les capacités d’accueil ?

Le mouvement déconcentré devait permettre une gestion plus humaine et plus fine des besoins, votre bilan chiffré montre que le but est loin, très loin d’être atteint :

–Pour l’intra, non seulement il y a moins de volontaires (en un an, on passe de 2776 à 2468), mais ils sont moins bien affectés (le taux de satisfaction passe de 40 % à seulement 32,6 %. Autrement dit, 67 % de collègues déçus). Parmi les participants obligatoires, 222 sont nommés en extension, soit 23,4 %.

–Le taux de couverture des postes en établissement, tout types confondus, est seulement de 66,15 %. 741 postes sont restés vacants après le mouvement ! Ces chiffres prouvent bien qu’il y a une pénurie d’enseignants et les annonces concernant une nouvelle baisse du nombre de postes aux concours ne peuvent que nous alarmer. Cela montre également que les mesures prises depuis des années pour rendre ces postes attractifs sont inopérantes et qu’il faut reprendre sur d’autres bases la réflexion.

–Il y a des postes vacants, mais aussi une diminution du nombre de remplaçants potentiels

La question du remplacement mérite qu’on s’y attarde : Vous aviez annoncé au moment du CTPA de préparation de rentrée qu’il y aurait des suppressions de postes en ZR et vous vous y êtes tenu malgré la gestion à flux plus que tendus que cela entraîne. Des TZR ont obtenu un poste fixe et leur poste ainsi libéré n’a pas été remis systématiquement au mouvement.

Vous n’avez donc pas ou peu procédé à des affectations nouvelles en zone de remplacement hormis dans les disciplines technologiques (STI, Physique appliquée, Eco Gestion), principales pourvoyeuses de mesures de carte scolaire quasiment impossibles à recaser autrement.
Si on ajoute à cela les postes devenus vacants après les résultats du jury académique et la non validation de quelques stagiaires, postes qu’il a fallu pourvoir par des TZR au lieu de les utiliser pour améliorer le mouvement, les moyens en remplacement fondent à grande vitesse.

On nous signale d’ailleurs un peu partout dans l’académie des blocs de moyens provisoires non pourvus à la rentrée car le faible nombre d’heures a été jugé trop peu rentable pour justifier l’envoi d’un TZR dont vous pourriez avoir besoin ensuite. Au final, la solution est souvent renvoyée au local, après avoir laissé des semaines des classes dans l’attente d’un remplaçant « stable ».

Cette pénurie de remplaçants entraîne aussi une pression supplémentaire sur les TZR des disciplines générales qui deviennent rares, en particulier à la périphérie de l’académie. Beaucoup ont d’ores et déjà été affectés à l’année hors zone en juillet et surtout fin août, en dehors de tout groupe de travail paritaire, alors que vous leur refusez pour l’instant la moindre indemnisation.

Pour la technologie et la documentation, vous persistez à affecter des collègues hors discipline et non volontaires, alors qu’il y a des enseignants qui sont demandeurs depuis des années d’une reconversion leur permettant une stabilisation.

Nous vous demandons que les collègues nommés hors discipline ne soient pas affectés à l’année et qu’en tout état de cause, ceux qui sont nommés hors discipline et ceux qui sont nommés hors zone (y compris en zone limitrophe) bénéficient des ISSR.

Vos statistiques révèlent d’autres dysfonctionnements : les établissements APV et réseau ambition réussite sont loin de faire le plein. De même que les postes spécifiques : trop de mouvements tueraient ils le mouvement ?

Il reste 162 postes vacants en APV après mouvement (couverture des postes à 70 %), confiés sans doute à des TZR qui, ironie du sort, n’auront pas droit aux bonifications censées rendre plus attractifs ces postes. Pour les établissements ambition réussite, le nombre de postes vacants après mouvement est même plus important qu’avant le mouvement (couverture à 64 %) ! C’est bien la preuve que la façon dont le ministère traite l’enseignement prioritaire n’est pas la bonne, la stabilisation des équipes en éducation prioritaire et l’attractivité de ces établissements nécessitent donc bien autre chose qu’une prime à la sortie.

Perspectives pour 2009

Pour conclure, en 1999, on nous a imposé le mouvement déconcentré comme solution « miracle » aux défauts de l’ancien système. 10 ans après, nous ne pouvons que faire l’amer constat que toutes les dégradations que nous avions annoncées se réalisent.

Plus grave, c’est par le biais du mouvement intra que le gouvernement tente de faire passer ses atteintes au paritarisme ! Parmi les éléments découverts dans le BO du 6/11, la mise en place de cellule téléphonique pour conseiller et informer les collègues. Après avoir appelé hier soir, je suis rassurée par rapport au SNES, mais très inquiète pour les collègues qui se fieront aux renseignements très partiels et sources d’erreurs qui y sont donnés ! On mesure là les dangers de l’externalisation des missions confiées à des personnes éloignées de nos situations, de nos préoccupations professionnelles et personnelles (paradoxe après nous avoir vanté les mérites de la décentralisation !). On ne traite pas une mutation comme une réclamation suite à une mauvaise livraison.
Le BO demande de mettre en place ce système dans les académies dès la fermeture du serveur inter, donc dès le 8 décembre* : qui va renseigner ? Qui va contrôler la qualité des réponses ?

Autre source d’inquiétude : la tentative de faire disparaître le barème par la multiplication des postes spécifiques (dont on a vu que le taux de couverture pouvait être inférieur à celui du mouvement classique) et par le traitement des néo-titulaires. Nous sommes demandeurs d’un accueil particulier pour nos jeunes collègues (nous revendiquons une entrée progressive par une première année à mi temps), et d’une amélioration générale des conditions de travail pour tous. Ce que préconise le BO semble surréaliste : comment « protéger » les néo-titulaires, les affecter dans des établissements « peu exposés » dans un contexte de suppressions de postes ? D’ailleurs, qu’est ce qu’un établissement "peu exposé" ? Combien de temps pourra t-on maintenir un tel fonctionnement (autrement dit, de combien d’établissements « peu exposés »dispose l’académie, à quelle échéance pourra t-on protéger les néotitulaires ?) ? Y aura t-il redéploiement des moyens des établissements jugés trop difficiles pour accueillir un T1 au profit des établissements « peu exposés » (il faudra bien créer des postes !) ? Que dire aux enseignants qui ne sont plus tout à fait débutants et qui accumulent les points depuis des années pour obtenir un établissement que vous réserverez aux néotitulaires ?

Le SNES a d’autres propositions pour améliorer le mouvement : d’abord revenir à un mouvement national en un seul tour, moins lourd à gérer, moins coûteux en temps et en personnels, favorisant davantage de participation, plus de fluidité en faisant disparaître les mutations à l’aveugle, un mouvement avec des éléments de barème plus équilibrés, respectant toutes les situations et surtout un mouvement aux règles clairement définies pour plusieurs années, permettant aux collègues d’élaborer des stratégies sans être obligés de planifier plus d’un an à l’avance leurs situations familiales.

Les discussions concernant le déroulement des mutations intra devraient bientôt avoir lieu, nous y défendrons ces principes, comme nous l’avons toujours fait. A un moment où le ministère cherche à remettre en cause le fonctionnement paritaire, nous vous demandons de respecter les personnels et leurs élus en continuant à réunir régulièrement les groupes de travail et FPMA et à tenir compte des avis qui y seront prononcés préalablement à l’information des collègues.

Extrait du BO

* Après la fermeture des serveurs Siam/I-Prof, le 8 décembre 2008, ils pourront s’adresser aux cellules téléphoniques académiques qui les informeront sur le suivi de leur dossier jusqu’à la fin des opérations de validation des voux et des barèmes en janvier 2009. Vous veillerez tout particulièrement à la qualité de l’accueil dispensé.