MOTION ACTION SNES LILLE JEUDI 13 MARS 2008

Les suppressions de postes ne passent pas dans l’académie de Lille, les mobilisations ne cessent pas.

Les établissements utilisent sans relâche toutes les formes d’action pour retrouver les moyens que le rectorat prévoit de retirer : actions lors des conseils de classe, boycott des CA, motions, audiences au rectorat ou aux IA, rassemblements, conférences de presse, grèves.

Le contexte est en effet particulièrement tendu avec des situations de plus en plus insupportables.

L’examen des structures montre que toutes les suppressions de divisions se traduisent par des alourdissements des effectifs des classes, y compris dans les établissements difficiles. Le cas des lycées technologiques est particulièrement préoccupant, avec des suppressions qui dépassent encore la dizaine par établissement, et des fermetures de sections qui menacent l’avenir de filières entières et hypothèquent l’avenir des jeunes. Dans une région comme la nôtre, l’existence d’une formation de proximité est indispensable pour permettre une amélioration des qualifications. Selon la Région, ce sont une centaine de filières qui auraient disparu. La poursuite de la mise en œuvre du bac pro, sous couvert de prolongement de l’expérimentation est un coup supplémentaire porté à l’enseignement technologique, ce dont s’inquiètent les différents acteurs sociaux, Région mais aussi patronat.

Une fois de plus, il faut faire le constat des dégâts provoqués par la substitution des heures supplémentaires aux heures postes. Ainsi, si l’on prend les établissements, on constate une hausse vertigineuse de ces heures : si on ne tient pas compte des heures supplémentaires restituées au titre de l’abandon des mesures Robien, qui l’avaient été sous cette forme pour des raisons « technique », on constate des hausses entre 2007 et 2008 de : 27 à 94%. Plus que jamais, il faut comme le font de nombreux établissements organiser le refus des heures supplémentaires et le faire savoir pour obtenir les moyens nécessaires.

Le rectorat qui peine à organiser les destructions de postes semble vouloir passer à une autre étape, sous couvert de maintien de la cohérence entre formations et restrictions budgétaires en fermant des établissements. Il le fait sans en avertir les personnels, sans instaurer de dialogue avec les organisations syndicales. Autre exemple : les fermetures de CIO. Le rectorat avait fermé le CIO de Wattrelos en promettant des mesures permettant d’une présence sur la ville de Wattrelos. Elles n’ont pas été tenues, les élèves et les parents de Wattrelos ne se déplaçant à Roubaix. Aujourd’hui le rectorat annonce, toujours sans véritable concertation, une nouvelle fermeture, celle du CIO d’Anzin. La CA invite l’ensemble des établissements qui se sentent menacés à demander officiellement un CA extraordinaire sur ces questions, avec présence d’un représentant du rectorat et des collectivités territoriales concernées, mairie et département ou région.

Pour les personnels, cette situation aura des répercussions déplorables à la rentrée. Outre l’aggravation générale des conditions de travail dans les établissements, la rentrée sera marquée par une nouvelle augmentation des compléments de service et des mesures de carte scolaire, y compris dans des disciplines où les postes deviennent rares.

La CA condamne la politique du rectorat qui s’obstine à détériorer la situation des TZR : il « propose » une fusion des zones de remplacement, pour la rentrée 2008 en passant de 15 à 13 ZR en fusionnant les zones de Boulogne sur Mer et de Montreuil sur Mer, ainsi que celles de Lille et Roubaix Tourcoing, dans le but d’élargir la zone d’intervention des collègues et ceux des zones nouvellement limitrophes, puisqu’un TZR est régulièrement appelé à exercer dans les zones limitrophes, faute de titulaires et de remplaçants en nombre suffisant.
Deuxième mesure : dans des disciplines dites « rares » (langues à faible diffusion, hôtellerie, certaines disciplines professionnelles) et en philosophie (39 TZR répartis sur 15 zones actuellement), la zone de remplacement deviendrait … académique ! Des collègues pourraient être ainsi amenés à travailler à 100 kilomètres ou plus de leur établissement de rattachement, avec seulement 48 heures (lorsque le délai entre 2 suppléances est respecté) pour organiser son travail et ses déplacements. Lesquels pourraient changer tous les mois en fonction des suppléances et des décisions rectorales. La section académique a demandé en intersyndicale une audience et lancé une pétition qu’il faut faire signer dans les établissements par l’ensemble des personnels très rapidement.

La situation des LV est un autre souci. Le ministère fait preuve d’une négligence coupable en refusant de clarifier les conditions de l’organisation de l’épreuve de LV au brevet, et le rectorat poursuit l’œuvre de sape du baccalauréat en organisant sans avis des équipes ou des familles la certification des niveaux de LV des élèves de sections européennes par des entreprises privées. La CA demande une clarification de la situation et appelle les collègues à refuser de s’y engager.

Grille de compétences pour l’orientation : voir motion spéciale.

La CAA appelle à refuser les entretiens d’orientation qui devraient être organisés par les professeurs principaux de 3e et de 1re à la place des conseillers d’orientation psychologues.

La CA dénonce la campagne médiatique qui enfle sur le baccalauréat. Elle s’appuie sur une étude de chercheurs en sciences de l’éducation qui a redécouvert la lune, à savoir que la docimologie n’est pas une science exacte et que des écarts importants peuvent se manifester lors de corrections. Ils semblent oublier l’existence des réunions de concertations et les harmonisations opérées lors du bac. Les solutions préconisées sont soit risibles (la double correction sans s’interroger sur le coût) soit consternantes avec l’introduction des QCM. Ni la date, peu avant le bac, ni le choix de la discipline, SES, ne sont bien sûr anodins. La CA dénonce l’attaque en règle contre les SES, qui, au mépris de la réalité de l’enseignement de ces disciplines, tend à placer ce dernier sous la coupe du patronat.

Conformément aux décisions de la CA, le secrétariat a cherché à maintenir un calendrier d’actions cohérent en appelant les personnels à la grève le 29 février. Organisée dans des conditions difficiles, elle n’a pas été majoritaire mais a eu une couverture médiatique importante et elle a permis de fédérer les luttes des établissements.

La CAA appelle à tout mettre en œuvre pour la réussite de la grève du 18 mars, sur une plate forme qui reprend les questions de l’emploi, et qui y ajoute la question des salaires et celle de la réforme du système éducatif (loi Fillon, rapport Pochard, réforme des lycées dont celle du bac pro). Ce souci de clarté l’a amené à refuser les propositions du SGEN, de l’UNSA et de la FAEN qui souhaitaient ne retenir dans la plate forme que les questions de l’emploi, ce qui avait été le cas lors de la grève du 29 février, grève que ces organisations avaient refusé de suivre !

Elle appelle les S1 à convoquer des AG et des réunions des syndiqués dès le 18 pour discuter des suites de l’action, et des formes qu’elle pourrait prendre, et de faire remonter les informations d’urgence au S3 afin d’éclairer les débats de la CA nationale qui se réunit le 19 et le 20.
La CAA académique estime qu’en cas de succès de la grève du 18 mars, il faut appeler à une nouvelle journée de grève nationale début avril. Elle invite également à lancer le débat au sein des S1 début avril pour la poursuite de l’action en n’excluant pas une grève pendant les épreuves du bac et du brevet

La CAA appelle à réussir la préparation de la manifestation nationale de mai. Pour cela elle lance une souscription, afin de payer un train, proposera la vente d’objets lors des actions, etc.

Elle estime que les annonces du gouvernement sont lourdes de dangers pour l’avenir du service public d’éducation, le droit de tous les élèves à l’éducation et les statuts des personnels. Ces menaces appellent la poursuite de la mobilisation qui doit prendre des formes nouvelles, sans pour autant exclure les actions traditionnelles de manifestation et de grève.

Ces actions s’inscrivent dans un cadre plus large. Alors que les revendications sur le pouvoir d’achat se poursuivent, la situation économique continue de se dégrader : chute du commerce extérieur, poursuite de l’inflation, fermetures d’entreprises. Le gouvernement tente de justifier sa politique en s’appuyant sur la baisse du chômage en oubliant les causes structurelles (départ à la retraite des classes du baby boom) et surtout en oubliant que les emplois crées sont précaires et à temps partiel.
Les élections municipales montrent l’ampleur du mécontentement et la volonté d’une majorité de la population d’une autre politique. Pourtant le gouvernement a annoncé sa volonté de maintenir son cap libéral et de poursuivre son action de démobilisation. Si on peut se féliciter de voir battues les listes qui sont le plus éloignées des valeurs que le SNES défend (Tourcoing et Hénin-Beaumont), cela ne suffira pas. Le mécontentement exprimé sur le terrain électoral traduit un mécontentement profond qui s’exprimait déjà sur le terrain social par les nombreuses grèves contre les suppressions d’emplois ou pour les augmentations de salaires : Mittal Gandrange, Kléber, Cerrefour, SNECMA… Dans les semaines qui viennent, c’est la question des salaires, des retraites, de l’emploi et des conditions de travail qui seront à l’ordre du jour. Ces questions touchent l’ensemble des secteurs du monde du travail, du public comme du privé, et sont à même de fédérer les salariés pour aller vers un mouvement d’ensemble. La journée du 29 mars sur les retraites peut devenir une étape pour la construction d’un mouvement d’ensemble et la convergence des luttes. C’est pourquoi la CAA appelle à préparer cette journée sur la base des mandats de la FSU par une information, des heures d’information syndicale dans les S1, des AG pour faire de la manifestation du 29 mars un nouveau temps fort, une nouvelle étape d’une mobilisation générale.

IUFM : des élections se déroulent bientôt à la fois à l’IUFM (19 et 20 mars) et au conseil d’Université d’Artois (31 mars et 1er avril), où est rattaché l’IUFM. Tout est fait pour empêcher une participation massive des usagers. Le SNES a déjà été exclu des instances en tant qu’organisation. Il est impératif de réussir les élections en sollicitant personnellement chaque stagiaire pour qu’il accomplisse les démarches, mais aussi les stagiaires en situation pour qu’ils s’inscrivent sur les listes. De même il faut convaincre les formateurs associés à se faire inscrire sur les listes pour défendre les propositions de la FSU en terme de formation.

Berlaimont : le SNES appellera à la grève le 27 mars, jour du procès du collègue de Berlaimont traduit en correctionnelle pour une gifle à un élève qui l’avait insulté, ainsi qu’un rassemblement et il éditera un matériel de mobilisation. Cette journée s’inscrira dans le cadre des actions pour la dignité, la reconnaissance et la revalorisation de nos métiers. Il faut rassembler le plus grand nombre possible de manifestants à Avesnes sur Helpe ce jour là. Pour les lieux les plus éloignés, les responsables de bassin organiseront des rassemblements devant les tribunaux.

Europe :

Les 27 pays de l’Union Européenne ratifient actuellement le traité européen de Lisbonne signé en décembre dernier par les chefs d’Etat et de gouvernement. A l’exception de ceux qui sont contraints par leur constitution d’organiser un referendum, aucun pays n’a choisi de recourir à une consultation populaire. En France, le débat a été totalement occulté, aucun éclairage sur l’importance des enjeux n’a réellement nourri la réflexion collective. Dès le mois de septembre, le SNES académique s’est exprimé pour un grand débat démocratique et a appelé à une ratification référendaire, rejoint sur cette position par le SNES national. Le Parlement français a ratifié ce traité le 7 février 2008, au mépris de l’expression de la volonté populaire qui s’était exprimée le 29 mai 2005 à 54,68% contre un traité européen quasiment identique.

Si ce traité était ratifié dans l’ensemble des pays européens, l’essentiel des mesures que le SNES avait analysées et dénoncées, notamment sur les services publics, l’éducation et la laïcité seraient réactivées. La responsabilité des organisations syndicales et de la FSU est donc de poursuivre la mobilisation pour exiger un traitement démocratique des problèmes européens, et de poursuivre la mobilisation pour dénoncer et combattre les mesures libérales qui menacent gravement les services publics et les droits des salariés.