1er mars 2008

Le Snes-FSU dans l’Académie

Motion SES / Philosophie / Histoire-Géo (CAA du 13 mars 2008)

Motion CAA PHILOSOPHIE/SES/HISTOIRE GEO.

Tentative des députés pour faire enseigner par les collègues d’histoire-géographie les « aspects positifs de la colonisation » ; volonté récurrente de marginaliser l’enseignement de philosophie, ou d’expurger les programmes de certaines notions ; attaques répétitives de groupes de pression patronaux contre les SES, pour faire de cette discipline un instrument de promotion d’une image « positive » de l’entreprise ; etc.

Les enseignements de Sciences Humaines et de philosophie, dans le secondaire, sont régulièrement l’objet d’attaques internes ou externes à l’institution, certaines (contre les SES actuellement) prenant une ampleur particulièrement inquiétante.

Ces attaques suivent des logiques facilement repérables :

 volonté d’instrumentalisation des enseignements et négation de leur caractère généraliste : outre qu’ils sont sommés de produire des connaissances « utiles » ou « conformes à UNE vérité », ces enseignements sont régulièrement dénigrés au prétexte qu’ils n’offriraient pas de débouchés professionnels suffisants. Le Snes rappelle que la finalité des enseignements « généraux » n’est pas uniquement professionnelle, et qu’ils sont les plus à même de former l’homme et le citoyen. De ce point de vue, la logique du « socle commun » montre que les enseignements de Sciences Humaines et de philosophie ne sont pas les seuls à être menacés par un appauvrissement qui viendrait de leur instrumentalisation pratique.

 volonté idéologique de minorer la formation du citoyen et l’éveil de l’esprit critique : les Sciences Humaines et la philosophie ne sont évidemment pas les seuls enseignements à participer à cette dimension de l’éducation. Pourtant, elles sont clairement identifiées par certains groupes de pression comme des « cibles » prioritaires. Ces groupes de pression, de manière plus ou moins perverse, reprochent à ces enseignements d’amener les élèves à s’interroger sur le monde qui les entoure et dans lequel ils vivent, de les amener à remettre en cause les « évidences » et le « bon sens ». Il est compréhensible que les groupes qui ont intérêt à ce que l’ordre social actuel soit perçu comme naturel tentent d’éviter tout ce qui pourrait entraîner une rupture avec cette perception des choses. Mais le Snes réaffirme que l’enseignement a pour but premier d’amener les jeunes à devenir des citoyens capables d’esprit critique et de distance face au monde dans lequel ils vivent. Les Sciences Humaines et la philosophie sont un élément incontournable de cette formation. Or les rapports sur la revalorisation de la série L (juillet 2006) et sur la série S (novembre 2007) proposent une remise en cause de la formation sur le principe des séries. Il s’agit ainsi de faire voler en éclats la répartition des matières par série, tellement (trop) française (!) en proposant soit des fusions de séries, soit une logique de construction de parcours de formation. Dans les deux cas, l’idée « à la mode » de socle commun réapparaît subrepticement et nombre de disciplines tendent à devenir optionnelles. Les choses ne sont pas toujours dites clairement mais c’est le cas pour la philosophie et l’histoire dont l’enseignement est parfois minoré.

 atteintes à la laïcité : les attaques actuelles contre les SES sont… un cas d’école ! Un puissant groupe de pression patronal, l’IDE (Institut de l’Entreprise, émanation du Medef) organise une déstabilisation de cette discipline : celle-ci donnerait une « mauvaise image de l’entreprise » et est même parfois accusée d’être responsable du désamour des français pour « l’économie de marché ». De ce fait, ce groupe de pression (qui organise des stages de « formation » pour les enseignants, avec l’aval de l’inspection) revendique et a fini par obtenir un droit de « regard » sur les manuels de SES (audit externe) : Michel Pébereau, PDG de la BNP-Paribas et membre de l’IDE, sera membre de la commission chargée d’auditer les manuels de SES. Derrière les manuels, ce sont en fait les programmes qui risquent d’être audités pour les rendre plus conformes aux désirs de l’IDE. Ceci constitue, pour le Snes, une atteinte grave à la laïcité : les programmes scolaires ne peuvent être définis par des groupes de pression, quels qu’ils soient. L’éducation nationale n’a pas à être le relais de discours que certaines catégories tiennent sur eux-mêmes. L’école doit être protégée des attaques idéologiques de ces groupes de pression. Les attaques du président de la République contre la laïcité prennent à présent tout leur sens. Il s’agit pour lui d’instrumentaliser les religions et l’Ecole au profit de l’idéologie et des intérêts qu’il représente, en particulier dans le domaine du maintien de l’ordre social existant.

Contre ces attaques récurrentes, et de plus en plus pressantes, le Snes réaffirme l’importance des enseignements de philosophie et de sciences humaines généralistes au collège et au lycée, éléments incontournables de la formation à l’esprit critique des futurs citoyens que sont nos élèves. Il s’opposera à toute tentative qui aurait pour but de minimiser la place de ces enseignements dans le système scolaire.