La grève du 24 septembre a poussé le gouvernement à dévoiler ses batteries rapidement. Pas de quoi être déçu du voyage : c’est le retour des Notables ! Une note du Ministère de l’Education Nationale aux Recteurs et Inspecteurs d’Académie, datée du 27 septembre, nous dévoile le pot aux roses.

Exit les Etudiants-Surveillants au double statut : agents de l’Etat, protégés par des décrets, étudiants salariés qui, pour leur grande majorité, ont besoin de ce travail pour financer leurs études.
A la place, voici venir un vague corps d’assistants d’éducation qui reprendrait les tâches autrefois dévolues, aussi bien aux MI-SE qu’aux Aides Educateurs, mais surtout qui cumulerait les aspects les plus négatifs et les plus précarisants des 2 types de contrats réunis.

Pour le ministère, le constat est clair, même s’il est d’une mauvaise foi alarmante : le dispositif MI-SE est « essoufflé » (sic !), il est « très contraignant » (pour qui ? re-sic !), il est très difficile d’être étudiant et surveillant en même temps (d’accord, et la RTT ?), les emplois du temps sont faits en fonction de la fac et pas des besoins des établissements (ben voyons !), ils sont souvent absents, surtout en période d’examen (à quand les diplômes par pochettes surprise ?), ils ne sont pas formés pour certaines tâches d’encadrement de proximité et de médiation (explication ? alors que dans la plupart des académies, la maigre formation accordée jusque là a disparu !). Grave, le ministère ne parle plus que des « besoins des établissements » à qui les personnels vont devoir se plier.

Surtout, ce qui gêne, c’est qu’ils sont recrutés par les recteurs : « une gestion de proximité sera sans doute à l’avenir préférable », dit le ministre !

Le gouvernement prévoit donc de faire recruter à la rentrée 2003, des personnes, baptisées assistants d’éducation. Parmi elles, il y aura des étudiants ( ce sera un handicap). Non, vous ne rêvez pas, il y aura aussi de « jeunes retraités et des mères de famille » ! Qui encore ?

Sur quels critères, ces recrutements ? avec quel niveau de diplôme ? pour quelle relation éducative ?

Le gouvernement prévoit d’associer au dispositif, les collectivités locales (région, département, commune ?, qui deviendrait leur employeur ?) en plus du recrutement par le local (chefs d’établissement ?) : adieu critères sociaux, bonjour piston et clientélisme. Qui sera choisi pour exercer en lycée de centre-ville ? et qui pour certains collèges difficiles ? On pourra toujours nous parler de profil de poste !

Quelles garanties d’égalité de traitement pouvons-nous espérer d’un établissement à l’autre ? Et pour les personnels : un contrat à la tête du client, comme pour les emplois-jeune ?

5600 postes de MI-SE vont disparaître à la rentrée 2003, sur les 35000, comme 20 000 aides-éducateurs : soit 26500 personnes qui seront remplacées par 11000 assistants d’éducation. En plus de la perte sèche en personnels (a moins que les nouveaux soient deux fois plus proches et efficaces), c’est une véritable catastrophe pour les étudiants, aujourd’hui MI ou SE, pour les lycéens qui comptaient sur un poste pour aller en fac, pour les collégiens qui se résoudront très vite à choisir une professionnalisation rapide, la fac leur étant à terme, financièrement interdite.

Les gouvernements précédents ont tué, à petit feu, le statut d’étudiant salarié ; celui-ci va faire disparaître de la fac, les étudiants issus de milieu modeste.

Où est passé le projet d’une grande école de la réussite ?

Où est passé l’idéal d’une grande école de la démocratie ?

A terme, c’est la Bérézina programmée de l’école.

Pour que l’éducation reste nationale. Pour que l’éducation reste prioritaire, plus d’autre choix, maintenant : tous les personnels de l’Education Nationale seront en grève le jeudi 17 Octobre. Vous en serez : l’avenir des Etudiants-Surveillants, votre avenir passe maintenant par la grève et la manifestation.